Toujours mystérieux et rare, Terrence Malick a pour habitude de tourner dans le secret, outre le fait que le cinéaste ne soit jamais sur les tapis rouges. Une discrétion qui risque bien d'être mise à mal pour cet homme qui n'a pas l'habitude de s'épancher dans la presse ou les tabloïds. Car, ô surprise, c'est dans les pages judiciaires que le nom de Terrence Malick apparaît en ce début de semaine.
En cause, les producteurs et investisseurs de son film The Voyage of Time (Le Voyage du Temps) ont pris la décision de poursuivre Terrence Malick, pour ne pas avoir achevé dans les temps un film qu'ils avaient pré-financé. Un cas qui n'est pas sans rappeler l'affaire Martin Scorsese et le projet Silence, qu'il va finalement mettre en scène.
Lancé il y a six ans de cela, le projet de documentaire qu'est The Voyage of Time n'a toujours pas vu le jour. Pourtant doté d'un budget de 12 millions de dollars, avec Brad Pitt en voix off, le long métrage est passé il y a peu en salle de montage. Pour la société de financement britannique Seven Seas, c'est le délai de trop. Selon ces investisseurs, le documentaire en IMAX (découpé en deux films de quarante-cinq minutes, et une version longue de quatre-vingt-dix) qui explore la naissance et la mort de l'univers devait être achevé en mai dernier. Or, c'est loin d'être le cas.
Après avoir investi près de 3,3 millions de dollars dans le projet, Seven Seas n'a encore rien vu du documentaire en question, et surtout "rien à montrer". Perdant patience, la société se questionne sur la véritable utilisation de cet argent. En six ans, Terrence Malick (qui se faisait si rare au cinéma) a sorti consécutivement The Tree of Life en 2011 (Palme d'or à Cannes) puis A la merveille en 2013. Seven Seas en est certain : c'est la société du cinéaste, Sycamore Pictures, qui a touché le chèque et l'a utilisé pour d'autres projets de long métrages.
En effet, Terrence Malick a enchaîné les tournages alors que le film A la merveille s'apprêtait à sortir en salles. D'un côté Knight of Cups, avec Christian Bale, Natalie Portman, Cate Blanchett et Teresa Palmer, de l'autre, un film sans titre avec de nouveau Bale et Portman, au côté de Ryan Gosling, Michael Fassbender, Rooney Mara et notre frenchie Bérénice Marlohe.
Dans le New York Post, l'avocat de Seven Seas passe à l'offensive : "Sycamore prend depuis toujours du retard sur ses films et ne cesse de reculer leur production depuis des années. Mais la deadline a été dépassée et plus de six millions de dollars ont été dépensés". Du côté de Sycamore, on s'en défend : "Le film était conforme à son budget, à son planning et tous les fonds étaient utilisés de manière appropriée". Interrogée par The Hollywood Reporter, la représentante de la société de production a jugé "sans fondement" l'accusation de Seven Seas.
Résultat, Seven Seas a bien déposé une plainte au tribunal fédéral de New York vendredi, Terrence Malick n'ayant pas tenu ses promesses, à savoir un timing acté et une transparence exemplaire.