Une chanson dédiée au beau regard de Fanny Ardant, un duo avec Irène Jacob, une collaboration avec Mathieu Amalric : Vincent Delerm n'a jamais caché son amour pour le septième art, des films de François Truffaut à ceux d'Éric Rohmer. La nouvelle preuve de cette cinéphilie n'en reste pas moins surprenante puisque son spectacle, Memory, s'ouvre sur la voix de Woody Allen, le cinéaste culte avec lequel il partage son goût pour les bons mots et les grands questionnements : "C'est la classe, hein ? Il a enregistré à New York gratuitement ! On ne s'est même pas parlé, même pas rencontrés."
Memory est un objet entre la musique et le théâtre, écrit et mis en scène par Vincent Delerm, qui entremêle les vidéos en super-huit, les interludes au piano, les dialogues dans le vide et les match de tennis. Une "suite logique après ma dernière tournée qui était déjà très mise en scène" explique le chanteur dans Le Parisien : "Je voulais casser le rythme un album-une tournée, un album-une tournée. Je n'ai pas envie de rester derrière un piano jusqu'à 70 ans."
De là à l'imaginer devant les caméras de cinéma, il n'y a qu'un minuscule pas qu'il a failli accepter lorsque Christophe Honoré lui propose le rôle principal des Chansons d'amour, sa comédie chantée avec Ludivine Sagnier et Chiara Mastroianni : "J'a toujours joué uniquement des choses que j'avais écrites. (...) J'ai refusé, sans doute par manque de courage et puis aussi parce que les chansons du film, écrites par Alex Beaupain, auraient pu être prises pour les miennes." Vincent Delerm affirme que c'est le rôle d'Ismaël qui lui a été proposé : une véritable surprise puisque c'est celui que joue finalement Louis Garrel, l'acteur fétiche du réalisateur dont il semble inséparable.
Visiblement en pleine ébullition, Vincent Delerm vient également de publier Leonard a une sensibilité de gauche, un livre-disque pour enfants où un enfant discute avec son grand-père, auquel Jean Rochefort prête sa voix. Mais le chanteur touche-à-tout se défend de tout message : "Ce n'est pas un engagement, je ne milite pas pour un candidat. C'est plutôt un échange entre parents et enfants sur la politique et l'idée de droite et de gauche (...) Je n'en parle pas encore à mes enfants. Mes fils, Sasha et Simon, ont 4 et 2 ans. Le plus grand est juste revenu de la halte-garderie en me disant : 'Sarkozy... zizi'" Avec un papa aussi à l'aise avec les mots, Sasha et Simon devraient vite inventer leurs propres rimes.
Retrouvez l'interview dans Le Parisien, jeudi 8 décembre 2011.