Les reshoots sont bien souvent le symptôme d'une défaillance dans la machinerie d'une superproduction hollywoodienne. Conséquence du mécontentement d'un studio, ces semaines de tournages imposées à la production sont censées corriger les erreurs d'un scénario faiblard ou d'une entreprise bancale qui a révélé ses failles pendant le montage. En théorie, l'oeuvre n'en ressort que meilleure. En vérité, ces soubresauts sont dictés par les caisses du studio et les craintes des producteurs.
Apocalypse en rade
World War Z de Marc Forster est la toute dernière victime de ce système. Adapté du livre de Max Brooks, le film avec Brad Pitt raconte comment une épidémie métamorphose le monde en transformant des millions de personnes en zombies. Passé entre les mains de nombreux scénaristes et réalisateurs au fil des années, le film apocalyptique était finalement concrétisé après plusieurs années de développpement, certainement boosté par la présence de Brad Pitt. Pour sa part, le réalisateur Marc Forster (Quantum of Solace) précisait n'avoir aucun vrai contrôle sur le blockbuster à 125 millions de dollars. Prometteur, donc.
Prévue en décembre 2012, la sortie de World War Z était repoussée de six mois jusqu'à juin 2013. Officiellement, la concurrence du Hobbit, Gatsby le Magnifique et quelques autres superproductions à Oscars était invoquée. Mais quelques mois après cette annonce, les véritables raisons semblent se dévoiler.
Zombies à haute tension
Le site Daily Mail révèle que Brad Pitt va repartir à Budapest pour sept nouvelles semaines de tournage à l'automne. Aucune déclaration officielle du studio, mais l'information est clairement de mauvais augure.
Banalisés ces derniers temps, les reshoots ont certainement permis à beaucoup de blockbusters de réajuster quelques erreurs - Avengers, Harry Potter et Twilight y sont tous passés avec succès. Néanmoins, les sept semaines de tournage supplémentaires de World War Z sont inquiétantes. Car deux mois avec la star principale pourrait annoncer une véritable métamorphose du film, le délai étant suffisant pour boucler un film classique - la pyrotechnie hollywoodienne exigeant nettement plus de temps.
À titre de comparaison, le flop monumental John Carter était reparti dans le désert pendant dix-huit jours pour tourner des scènes additionnelles qui n'avaient clairement pas sauvé la mise. De son côté, G.I. Joe 2 : Conspiration a été reculé de neuf mois pour permettre au personnage de Channing Tatum de tourner de nouvelles scènes, voire pour effacer purement et simplement la scène où il était censé mourir, restructurant ainsi le film entier.
Reste à savoir jusqu'où le studio est prêt à aller pour remodeler World War Z. D'ordinaire, les reshoots sont imposés au réalisateur et aux acteurs, liés par contrat. Il faudrait donc un beau miracle pour que ce film apocalyptique échappe à la catastrophe.
Geoffrey Crété