Comme un air de déjà vu...
Yannick Agnel a survolé ces premiers jours du championnat de France petit bassin qui se déroulent à Angers, comme il l'avait déjà fait lors des Jeux olympiques de Londres cet été, glanant au passage le titre sur 200 mètres nage libre et le relais 4x100 mètres. Ce jeudi 15 novembre, le prodige de Nice a remis le couvert, explosant le record du monde du 400 mètres nage libre. Comme à son habitude, Yannick Agnel a étalé sa technique extraordinaire, sa puissance et son aisance dans l'eau, terminant avec une longueur d'avance une course qui lui était promise. Avec à la clé, le record du monde, donc. Et pas des moindres. Avec un temps canon de 3'32''25, il atomise la précédente marque réalisée en 2009 et en combinaison tout-polyuréthane, depuis interdite, par l'Allemand Paul Biedermann (3'32''77)...
A 20 ans à peine, Yannick Agnel se pose comme l'un des plus grands talents de la natation, si ce n'est le plus grand. La tête sur les épaules, d'une modestie à nulle autre pareille, le géant commentait d'un air placide son "chrono cool" lorsqu'on lui demandait s'il réalisait la portée de l'exploit : "Non, bien sûr que non. Je vous dirai ça dans quelques semaines, quelques mois. C'est comme pour les titres olympiques. Plus ça allait et plus j'entendais et je voyais les flashes qui crépitaient. Je me suis dit que finalement, aux derniers 25 mètres, il allait falloir essayer d'y aller..."
Ce vendredi 16 novembre, Yannick Agnel a remis ça, décrochant cette fois-ci le record d'Europe sur 800 mètres ! Plein d'humour, le jeune garçon a alors confié les origines d'un tel succès : "Mon seul dopage, c'est le Nutella ! Si des gens commencent à penser à ça [au dopage, NDLR], c'est qu'ils sont bien blasés. Cela prouve qu'ils ne connaissent pas le sport et qu'ils n'ont pas compris grand-chose. S'ils venaient ne serait-ce qu'un jour partager notre quotidien, ils verraient pourquoi on réalise ce type de performance."
Yannick Agnel n'était d'ailleurs pas le seul à briller dans le petit bassin de Chartres. La famille Manaudou s'est particulièrement distinguée, puisque Florent, après son titre olympique, s'est adjugé le titre de champion de France sur la distance en réalisant la deuxième performance de l'année, alors que sa soeur Laure décrochait son 56e titre national, toutes compétitions confondues, en s'imposant sur le 100 mètres dos sous les yeux de son compagnon Frédérick Bousquet, impatient de replonger dans les bassins. Commentaire de Laure Manaudou après la moisson familiale : "Notre papa est là. Donc on a envie de lui faire plaisir."
Et se faire plaisir, malgré le stress d'une concurrence plus présente, comme la jeune fille le confiait après sa course : "Il y a quand même de la concurrence, plus que je ne l'avais imaginé. Il ne fallait pas traîner. En les voyant dans la course, ça m'a un peu affolée. J'étais crispée parce que j'avais mal aux jambes et que je voyais les autres à côté. Je ne connaissais pas ça avant, parce que j'étais comme Camille Muffat qui est loin devant ses adversaires en France. Quand on arrive comme ça et qu'on n'est pas sûr de gagner, on s'inquiète un peu."
Au vu des résultats de chacun, les stars de la natation n'ont pas trop à s'en faire...