Depuis son exil américain controversé, Yannick Agnel est transformé. Ouvert, souriant, rayonnant, démonstratif, le jeune homme, double champion du monde à Barcelone, a retrouvé la joie de vivre en s'installant à Baltimore sous les ordres de Bob Bowman, le mentor de Michael Phelps. N'en déplaise à son ancien entraîneur Fabrice Pellerin. Et alors que le nageur tentait d'enterrer la hache de guerre, son père a soufflé sur les braises...
Dimanche 4 août, jour faste pour Camille Lacourt et la natation française, Yannick Agnel revenait sur l'envie qu'il avait exprimée, celle de profiter des Mondiaux de Barcelone pour serrer la main de son ancien coach à Nice, avec qui l'entente n'était pas des plus cordiales : "On n'a pas eu l'occasion de se voir véritablement tous les deux. Peut-être que ce n'était pas encore le moment. Quand je l'ai dit, Camille (Muffat) nageait encore le lendemain et c'était assez tendu encore pour elle, Charlotte (Bonnet) et Fabrice. J'ai préféré laisser s'apaiser les choses dans leur coin. Mais ça arrivera forcément un jour." Ou pas.
Car dans les colonnes de Midi Libre le même jour, le papa de Yanick Agnel, Daniel, a vidé son sac et s'en est pris sans mettre de gants à Fabrice Pellerin, n'épargnant pas le coach de son fils. Et le portrait qu'il peint est loin d'être agréable. Personnage froid, uniquement intéressé par les résultats, Fabrice Pellerin n'aurait pour ainsi dire pas tenu sa parole et jamais pris soin du rejeton Agnel, parti à 14 ans de Nîmes pour s'installer en collocation à Nice, sur les conseils du club. "Outre le fait de s'occuper de notre fils sportivement, il nous avait rassurés en nous disant qu'il irait le voir régulièrement dans son appartement et que nous n'avions aucun souci à nous faire. Il n'y a pas été une seule fois !", raconte le papa énervé, avant d'ajouter : "Que ce soit clair, Fabrice Pellerin ne s'est jamais occupé de Yannick en dehors de l'entraînement. Alors, quand il parle de chaleur humaine, c'est révoltant."
Le manque de chaleur humaine, c'est ce qui a cruellement manqué à Yannick Agnel durant ses expériences au sein du club niçois. Car si les qualités d'entraîneur de Fabrice Pellerin ne sont pas remises en cause, celles de l'homme le sont : "En sept années de collaboration, Fabrice n'a jamais voulu avoir de contacts avec Yannick en dehors de la relation entraîneur-entraîné. Si un jour le gamin a un problème, il s'en fout. Il est là pour entraîner et fabriquer des champions sans aucune chaleur humaine autour. Il n'y a aucun sentiment et aucune prise en compte de la personnalité et des besoins du gamin."
Sans jamais rien dire, à la demande de leur fils, les parents du champion ont fini par contacter Fabrice Pellerin alors que leur fils "était comme déshumanisé". Jusqu'au jour où... En 2011, Yannick Agnel est victime d'une pneumonie, à quelques semaines des Mondiaux de Shanghai, qui le cloue au lit durant une dizaine de jours, tout près de l'hospitalisation. "Durant cette période, aucun appel téléphonique de la part de Fabrice, pas un seul, révèle, en colère, Daniel Agnel. Quand il a repris l'entraînement, contre mon avis, son entraîneur l'a accueilli comme si rien ne s'était passé. Il l'a regardé dans les yeux en lui disant : 'Maintenant, ça passe ou ça casse...' Il voulait rentrer à Nîmes et tout abandonner... Pendant les longueurs de bassin, Yannick crache du sang et Pellerin ne trouve pas autre chose à lui dire que 'si tu n'es pas bien, tu prends ton sac et tu te barres'."
Les lettres du médecin restent... lettre morte. Peu à peu, Yannick Agnel s'enfonce dans la dépression, mais décide de rester jusqu'aux JO de Londres avec les résultats que l'on connaît. Mais les résultats ne font pas tout, comme l'explique le père de la star des bassins : "Selon moi, il suffit de comparer les images de Yannick après son titre olympique sur 200 m et après son récent titre mondial à Barcelone. Ce n'est plus le même depuis qu'il a pris la décision de rejoindre Bob Bowman..."
Et d'envoyer un dernier scud à Fabrice Pellerin : "Si Fabrice s'était comporté autrement, mon fils serait resté à Nice, une ville dans laquelle il se sent bien. Sa séparation avec son entraîneur est une décision familiale. Mais il paraît aussi que nous sommes néfastes à la carrière sportive de Yannick. Si vous saviez comme je regrette tout ça, car ce n'est que du sport..."