Une histoire bouleversante, qui a sans doute poussé d'autres jeunes femmes à parler de leurs expériences... Nous sommes en 2018 : Charlotte Arnould, comédienne et danseuse de 22 ans, porte plainte pour viols contre un monument du cinéma, Gérard Depardieu. La jeune femme affirme être allée chez lui pour des conseils sur sa future carrière et avoir été violée par l'acteur, qui nie fermement les faits, bien qu'il ait reconnu plusieurs détails.
Si la plainte a été classée et qu'une deuxième, avec constitution de partie civile, a finalement abouti à sa mise en examen, la jeune femme n'avait quant à elle jamais témoigné de son expérience et a mis un an à dévoiler son identité. Mais ce jeudi, dans le magazine Elle, elle a accepté de raconter la relation qui la liait à Gérard Depardieu avant les faits. Pour elle, l'acteur était en effet un ami de la famille, un homme très proche de son père.
"Mon père et lui se sont rencontrés en 1967. Il tenait un hôtel et Depardieu tournait un film à côté. Il allait se restaurer chez lui et ils sont devenus amis. Depardieu m'a même prise dans ses bras quand j'étais bébé", raconte-t-elle. Les deux hommes se lient et partagent du temps en famille. D'ailleurs, la jeune fille connait également Julie et Guillaume Depardieu, les deux aînés de l'acteur eux-mêmes devenus comédiens, que ses parents ont gardé.
"C'était mon Gérard"
Et son père admire réellement l'acteur, qu'il "appelle régulièrement". "Mon père en a toujours parlé avec tellement d'enthousiasme et l'estimait tellement. Pour lui, c'était 'mon Gérard'. J'avais forcément confiance en lui", raconte-t-elle d'ailleurs. Et celui-ci s'intéresse à la jeune fille : il sait notamment qu'elle veut devenir comédienne mais également qu'elle souffre d'un grave trouble psychologique.
"Il était au courant de mon anorexie. C'est même lui qui nous a conseillés un psychiatre. Il a suivi pas mal de choses de ma vie et est venu plusieurs fois quand on répétait Passion, l'opéra mis en scène par Fanny Ardant", explique-t-elle en parlant de ce "père spirituel". Une belle relation d'amitié qui va basculer dans l'horreur lorsqu'elle porte plainte pour viol, expliquant que l'acteur, son "mentor, son petit père de cinéma", s'est servi du fait qu'elle soit "en rechute" et ne pèse "que 37 kilos" pour abuser d'elle.
Si le monde du spectacle est "frileux" à la soutenir, elle sera au moins soutenue par son entourage proche notamment sa maman, décédée depuis. "Ma mère a été très présente, elle était mon seul ancrage, même si ça allait très mal. [Pour elle], ça a été le trop plein. Elle n'allait déjà pas bien, ça l'a anéantie de me voir détruite", explique-t-elle avec tristesse. Désormais, après les témoignages de 13 femmes dans Médiapart, elle espère bien que les choses vont enfin avancer...
Gérard Depardieu reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.