Après Djibril Cissé innocenté, Karim Benzema s'éloigne lui aussi de la zone rouge. La cour de cassation a annulé mardi 11 juillet la décision de la cour d'appel de Versailles qui avait validé en décembre l'enquête dans l'affaire de la tentative de chantage à la sextape contre Mathieu Valbuena, donnant ainsi gain de cause à l'attaquant star du Real Madrid.
Par le biais de son conseil juridique, le champion mis en examen a contesté la régularité de l'enquête, remettant en cause le rôle de Lukas, l'un des policiers infiltrés pour découvrir l'identité des maîtres-chanteurs. Cet homme aurait défié ce qu'on appelle "la loyauté de la preuve", à savoir la façon dont la preuve a été obtenue, en participant de manière beaucoup trop active à relancer l'enquête - sous-entendu, de manière partisane.
La cour de cassation a donc désigné la cour d'appel de Paris pour statuer de nouveau sur l'enquête. Selon l'avocat de Karim Benzema, Me Patrice Spinosi, la décision rendue par la haute juridiction devrait conduire la justice à prononcer la nullité de la procédure.
Voilà déjà deux ans que l'affaire a éclaté. En juin 2015, Mathieu Valbuena, lors d'un rassemblement des Bleus, reçoit plusieurs appels téléphoniques. Ses interlocuteurs auraient tenté de le faire chanter, réclamant plus de 100 000 € en échange de la non-diffusion d'une vidéo intime le montrant avec sa compagne. L'ex-Marseillais avait alors déposé une plainte. Le nom de Benzema surgit dans l'affaire le 5 octobre lorsque Le Parisien évoque une discussion entre les deux joueurs et croit savoir qu'un membre de l'entourage de l'attaquant du Real serait impliqué.
Un mois plus tard, après une nuit de garde à vue, Benzema est déféré devant le parquet et mis en examen pour "complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement, en l'espèce le chantage". L'avocat de Benzema assure qu'il "n'a pris aucune part à du chantage" mais indique qu'il aurait effectué une "intervention amicale auprès de Mathieu Valbuena, pour lui dire de ne pas se laisser faire". Une version contredite par des sources judiciaires évoquant un "ton menaçant" de la part de l'attaquant français, ce qu'une conversation téléphonique entre le footballeur et son ami Karim Zenati confirme.
Interrogé sur l'implication et les propos ambigus de son ami, Mathieu Valbuena se dit "déçu, plus que déçu". "Ses propos témoignent d'un manque de respect. Moi, je respecte tout le monde, mais là, j'ai l'impression de me faire prendre pour un con... À un moment, je ne peux pas défendre l'indéfendable. Même à mon pire ennemi, je ne ferais pas ça", déclare ainsi le milieu lyonnais.
En janvier 2016, Valbuena confirme l'implication de Benzema. "Il me certifie l'avoir vue (la vidéo). Il m'a juré sur sa fille, il a dit que c'était chaud (...). Il m'a fait peur. Il m'a menti pour que je rencontre cette personne-là, pour rendre service à son ami tout simplement ", assurait-il alors. Impliqué dans l'affaire, Karim Benzema aura notamment raté l'Euro de football en France.