Le procureur de Toulouse a "déploré" le 6 mai 2022 le "traitement médiatique" de la disparition de l'infirmière de Cagnac-les-Mines Delphine Jubillar, tout en excluant d'enquêter sur de possibles violations du secret de l'instruction, comme le demandaient les avocats de Cédric Jubillar, soupçonné d'avoir tué sa femme disparue fin 2020. "Je souscris entièrement à la réprobation de ces conseils sur le traitement médiatique de cette affaire, dont tous les éléments se retrouvent constamment livrés dans les différents médias", écrit le procureur dans un communiqué. "C'est une situation que je déplore", ajoute-t-il.
Le procureur note, cependant, que la publication dans la presse du rapport sur les lunettes "cassées" de Delphine Jubillar, que citent notamment les avocats de Cédric, a eu lieu deux semaines après que ce document a été versé au dossier, le 11 avril. "À partir de cette date, il était accessible et consultable par les parties", lesquelles ont le droit de communiquer à son propos, indique-t-il. N'ayant pas de "soupçon" sur d'éventuelles violations du secret de l'instruction, il exclut "de diligenter une enquête".
Les avocats de Cédric Jubillar, maîtres Emmanuelle Franck, Jean-Baptiste Alary et Alexandre Martin, avaient écrit au procureur pour lui demander d'enquêter sur la "multiplication" de fuites dans la presse d'informations soumises au secret de l'instruction. "Je ne sais pas qui piétine le secret de l'instruction" mais "ces violations se multiplient", avait déclaré jeudi Me Alary à l'AFP. Il avait mentionné la publication dans la presse d'une expertise psychiatrique concernant Cédric et de celle sur les lunettes de Delphine.
Delphine Jubillar, qui travaillait comme infirmière de nuit dans une clinique d'Albi, a disparu en pleine nuit du domicile familial à Cagnac-les-Mines (Tarn) en décembre 2020. Son mari Cédric Jubillar, avec qui elle était en instance de divorce, est le principal suspect. Il a été mis en examen pour meurtre et écroué le 18 juin 2021. Depuis des mois, les avocats de l'artisan s'insurgent que leur client soit toujours derrière les barreaux, alors qu'ils affirment que le dossier ne contient aucune preuve irréfutable. Les "fuites" qu'ils pointent du doigt accablent en tout cas le prisonnier depuis ces derniers jours. Pour l'accusation, il est clair que le peintre-plaquiste de 34 ans, père des deux enfants de la disparue, est le coupable : selon les avocats des proches de Delphine née Aussaguel, il est indéniable qu'il a commis l'irréparable en réalisant que sa femme avait décidé de reconstruire sa vie avec un autre.
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.