Le lendemain de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes le 24 mai, les organisateurs ont projeté le long métrage qui a reçu la Palme d'or, Winter Sleep. Cette oeuvre du Turc Nuri Bilge Ceylan a conquis le jury présidé par Jane Campion. Elle a regretté qu'il n'y ait "pas assez de prix à distribuer" pour établir le palmarès et a assuré que "les décisions [avaient] été prises par [les membres du jury] tous, ensemble", rapporte l'AFP. "Nous avons débattu plus longtemps. (...) On vote, on peut débattre mais, au final, on ne sait pas qui a voté pour quoi. Le vote était à bulletins secrets. Une majorité d'au moins cinq voix était nécessaire pour qu'un film puisse obtenir un prix." Un ultime tapis rouge s'est donc déroulé dimanche 25 mai avec des jurés détendus et visiblement heureux de leurs choix.
Difficile de se mettre d'accord lorsque l'on forme un jury de neuf personnes, toutes passionnées par le septième art. Le Mexicain Gael Garcia Bernal a tenu à souligner que le jury "n'[avait] jamais cherché à isoler un film pour des considérations politiques". De son côté, la jurée française Carole Bouquet a dit que "chacun [avait] défendu le film qu'il a aimé". "Dans nos échanges, Jane (Campion) a beaucoup utilisé le mot 'liberté'. (...) On essayait toujours de déceler un certaine liberté dans les films plutôt qu'un aspect politique." "J'ai adoré ce Festival. J'ai aimé regarder tous ces films du monde entier. Pour beaucoup, je n'aurais pas eu l'occasion de les voir sans cela", a déclaré la réalisatrice américaine Sofia Coppola. On notera qu'elle portait une robe Marc Jacobs, la même que celle que Drew Barrymore arborait lors de sa dernière grossesse. Pour son compatriote Willem Dafoe, "la sélection était très bonne, le niveau excellent, et ce fut une très belle aventure créative".
Gilles Jacob, dont c'était le dernier Festival en tant que président, n'a pas manqué de saluer les jurés, en évitant de faire la bise à l'actrice iranienne Leila Hatami. En effet, ce geste avait précédemment provoqué l'ire des autorités de son pays, estimant qu'il s'agissait d'un comportement indécent pour une Iranienne. Interrogé sur le caractère "élitiste" de ce palmarès, Gilles Jabob a reconnu que le jury avait "choisi des films pointus, des films d'auteur", regrettant cependant que les longs métrages de Naomi Kawase (Still Water), des frères Dardenne (Deux jours une nuit) et d'Abderrahmane Sissako (Timbuktu) n'aient rien remporté. À la différence des Palmes de l'an dernier et de 2012 (La Vie d'Adèle et Amour), le choix du jury pour cette 67e édition est loin d'être en parfaite adéquation avec celui des autres festivaliers, et les déceptions ont été nombreuses.