Les César 2017 vont-ils virer au grand fiasco ? Souvent critiquée, la cérémonie de récompenses a préparé sa 42e édition d'une étrange manière. Dévoilées ce 25 janvier, les nominations ont mis en exergue ce sentiment de malaise qui pèse depuis quelques jours sur les César du Cinéma... Voici ce qu'il faut retenir de cette annonce des nommés faite au Fouquet's.
La veille des nominations, on apprenait que le réalisateur franco-polonais avait finalement décliné l'invitation de l'Académie à présider les prochains César. Accusé d'avoir violé une mineure de 13 ans en 1977 et fuyant depuis la justice américaine, le cinéaste a préféré refuser poliment l'honneur. Forcément attendu sur le sujet au moment de dévoiler les nommés, Alain Terzian a conforté la position qu'affiche l'Académie depuis le début de la polémique. Selon lui, Roman Polanski était un "choix indiscutable", évoquant "l'une des plus grandes figures du cinéma mondial, et reconnu comme tel". "Il a pris la décision souveraine de ne pas donner suite. Le reste appartient à chacun", a souligné Alain Terzian, rajoutant : "C'était le seul regard que nous devions avoir, le regard sur les artistes et leur travail, ce que nous avons fait".
À l'inverse du show millimétré et minuté des Américains, l'annonce des nominations aux César a frôlé le chaos. On ne sait si le bad buzz autour de l'affaire Polanski a cristallisé une certaine tension chez les organisateurs, toujours est-il qu'Alain Terzian est apparu peu serein, s'emmêlant les pinceaux dans ses fiches où les noms n'étaient pas les bons annoncés. "Il n'y aura pas leurs noms, tant pis", a-t-on pu entendre alors que des producteurs n'étaient pas associés aux films leur correspondant. Comble de l'ironie, pendant de longues minutes, personne n'a pu sortir la bonne liste des nommés, les médias tergiversant sur l'identité de certains, comme ce fut le cas avec la liste du César du meilleur réalisateur.
Elle, c'est Isabelle Huppert. L'actrice française, probablement au sommet de sa carrière avec ce rôle dans le film de Paul Verhoeven, s'est offerte sa 14e nomination au César de la meilleure actrice (et sa 16e toutes catégories confondues). De quoi asseoir sa suprématie sur les actrices même si la plus titrée de toutes est Isabelle Adjani (avec 5 César glanés). La Meryl Streep française, qui a remporté un Golden Globe pour sa performance dans Elle et est nommée à l'Oscar, pourrait bien remporter son 2e César, elle qui n'en a remporté qu'un seul, en 1996, pour La Cérémonie.
Si Elle (de Paul Verhoeven) et Frantz (François Ozon) se partagent la première place des films les plus nommés avec 11 mentions, il n'est pas certain que l'un l'emporte sur l'autre le 24 février prochain. Le favori a beaucoup moins de citations, mais il fait l'unanimité : Divines, de Houda Benyamina. Sa réalisatrice, qui vit un rêve éveillé depuis sa présentation à Cannes et le prix de la Caméra d'or, est aux anges avec ses 7 nominations (dont meilleur réalisateur). Rappelez qu'en 2014, Les Garçons et Guillaume à table ! avait lui aussi fait sensation, en rapportant les César du meilleur film et meilleur premier film. Deux prix que briguent aussi Divines.
Pré-sélectionnée dans la liste des Révélations 2017, la fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp ira bien aux César où elle pourrait bien soulever le premier grand trophée de sa jeune carrière. La comédienne est en effet citée au titre du meilleur espoir féminin pour son envoûtante prestation dans La Danseuse.
Taillé pour glaner des prix dans toutes les catégories, L'Odyssée de Jérôme Salle est l'un des grands absents des nominations. Le biopic sur le Commandant Cousteau est presque moqué par l'Académie, puisque nommé dans une seule catégorie : meilleur son. Lambert Wilson était notamment attendu en tant que meilleur acteur, tout comme Pierre Niney – qui se console avec sa citation pour Frantz.
Difficile de contenter toute le monde, surtout dans la catégorie des meilleures actrices. On y attendait Isabelle Adjani pour sa performance dans Carole Matthieu, Sandrine Kiberlain pour Quand on a 17 ans, Adèle Haenel pour La fille inconnue ou encore Juliette Binoche pour Ma Loute (comme quasiment tous les autres acteurs du film de Bruno Dumont le sont). Léa Seydoux, pourtant assez bluffante dans Juste la fin du monde, n'est pas nommée non plus.
Autre grand oublié de ces nominations, Personal Shopper n'a pas même réussi à décrocher une citation symbolique comme d'autres films tels que L'Effet aquatique ou Réparer les vivants. Olivier Assayas, qui avait pourtant séduit la Croisette avec ce film dans lequel il dirigeait Kristen Stewart en personal shopper, doit être très déçu.
Et pourtant, le secteur ne manquait pas de prétendants cette année : La Folle histoire de Max et Léon, Saint Amour, Les Ogres... Seul le film Elle, avec son humour cynique et glacial, vient un peu troubler ce bal des drames.
Réparer les vivants (meilleure adaptation), Dans les forêts de Sibérie (meilleure musique originale), Planetarium (meilleurs décors), Médecin de campagne (meilleur acteur pour François Cluzet), L'Effet aquatique (meilleur scénario original), Rester Vertical (meilleur espoir pour Damien Bonnard), Le Ciel attendra (meilleur espoir pour Noémie Merlant). Autant de longs métrages qui auraient pu prétendre apparaître dans d'autres catégories. En vain.