Certains l'ignorent peut-être, mais Renaud faisait partie des investisseurs qui ont permis la renaissance de Charlie Hebdo en 1992 avec Philippe Val, Cabu, Gégé et Wolinski. Avec eux, déjà, les crayons ou les plumes de Charb, Tignous ou Bernard Maris. Ces trois-là, mais aussi Wolinski et huit autres personnes ont péri mercredi 7 janvier sous les balles de deux frères fanatiques toujours poursuivis par les forces de police en Île-de-France. Le chanteur est sous le choc d'avoir perdu "tous ses amis" tandis que sa fille Lolita publie un touchant témoignage sur sa page Facebook.
Lolita Séchan, 34 ans, est auteure de livres pour enfants et de bandes dessinées. Choquée par les événements et ne parvenant pas à trouver le sommeil après le rassemblement place de la République à Paris, elle décide d'écrire quelques mots sur Facebook. On la sent bouleversée, comme le sont ses parents : "Il faudrait réussir à se déconnecter des infos et dormir. Mais je n'arrive pas à fermer les yeux sur tout ça ce soir. Je pense aux familles. Aux amis. Au vide de cette première nuit. Alors que je suis bien au chaud chez ma mère, avec ma fille [Héloïse, dont le papa est Renan Luce, NDLR] qui dort dans son pyjama en pilou-pilou et qui rêve surement à La Reine des foutues neiges. Je pense à mon Papou qui, cet après-midi me disait, en larmes, qu'il avait perdu tout ses amis. Que les mots étaient inutiles face à cette 'catastrophe'. Je vois ma maman pleurer parce qu'elle connaissait la femme de Wolinski et savait à quel point ces deux-là s'aimaient, étaient inséparables." Maryse Wolinski, l'épouse du dessinateur depuis plus de quarante ans, s'est courageusement exprimée ce matin sur RTL : "Il est mort avec ses camarades, avec ses frères comme il disait de Cabu, au service de sa chère liberté pour laquelle il s'est toujours battu et je peux estimer qu'il est tombé au champ d'honneur de sa profession."
Comme pour des milliers de Français qui sont descendus hier soir dans la rue, la colère, la tristesse surtout envahissent Lolita Séchan. La fille de Renaud pense aussi à ses "amis dessinateurs", à sa fille... Comme beaucoup elle est désemparée : "J'aurais tellement souhaité ne pas être Charlie ce soir."