Deux jours après s'être retrouvés à Palma de Majorque pour la messe de Pâques, le roi Felipe VI d'Espagne, son épouse la reine Letizia et ses deux parents, le roi Juan Carlos Ier et la reine Sofia, étaient à nouveau réunis mardi 3 avril 2018 au monastère San Lorenzo de El Escorial, dans une tout autre ambiance. Les sourires légers avaient en effet laissé place à une certaine gravité, à l'heure de rendre hommage lors d'une messe solennelle à Dom Juan de Bourbon, père de Juan Carlos et grand-père de Felipe, à l'occasion du 25e anniversaire de sa disparition.
L'ancien comte de Barcelone est mort à 79 ans le 1er avril 1993 et repose précisément dans la crypte royale du monastère inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, où il a été inhumé avec les honneurs dus à un roi. Il ne le fut pourtant pas : contraint avec sa famille à l'exil par l'avènement de la Seconde République puis barré par la dictature du général Franco, le prétendant non-prédestiné au trône – une position obtenue du fait des renonciations successives de ses frères aînés Alphonse et Jacques de Bourbon, puis de l'abdication et du décès de son père le roi Alphonse XIII – n'y accéda jamais et dut même se résoudre à voir son fils Juan Carlos devenir le protégé de Franco, désigné comme prince d'Espagne et futur roi – qu'il devint en 1975, devenant à la mort du dictateur à la fois le souverain des Espagnols et le pilier de la transition démocratique.
Du fait de cette situation, les relations entre Juan et son fils furent tendues durant des années, mais elles s'étaient finalement apaisées, d'une part par l'entremise de la princesse Maria de las Mercedes, mère de Juan Carlos, et d'autre part lorsque le paternel se résigna en 1977 à renoncer à la couronne, recevant officiellement en contrepartie de la part de son fils le titre de comte de Barcelone qu'il revendiquait de longue date.
La messe commémorative célébrée mardi par Monseigneur Juan del Río a été marquée par la présence de l'infante Cristina d'Espagne, arrivée avec sa cousine Alexia de Grèce, dont elle est très proche. Alors qu'elle vit toujours expatriée en Suisse, exclue de la famille royale, depuis l'éclatement du scandale de détournement de fonds impliquant son mari Iñaki Urdangarin, condamné en première instance en février 2017 à six ans et trois mois de prison ainsi qu'une amende de 512 000 euros et qui s'est pourvu en appel, sa venue avait été confirmée il y a plusieurs jours. Arrivée seule, l'infante Elena, soeur aînée de Felipe et Cristina, dont la présence ne faisait quant à elle aucun doute, assistait elle aussi à la cérémonie.
La reine Sofia pouvait par ailleurs compter sur la présence de sa soeur la princesse Irene de Grèce, qui a obtenu le 16 mars 2018 la nationalité espagnole (renonçant à la nationalité grecque) et l'accompagnait précédemment à Majorque, et le roi Juan Carlos sur celle des enfants de sa soeur aînée Doña Pilar ainsi que de son autre soeur la princesse Margarita. Des membres de la famille royale de Bulgarie, qui a des liens étroits avec le clan espagnol, figuraient également parmi les quelque 250 personnes dans l'assistance, à l'instar de la princesse Kalina et son mari ou de Doña Miriam de Ungría y López et son fils Boris, prince de Tarnovo depuis la mort de son père le prince Kardam.