Du sourire, des rires, trois potes, trois grands acteurs. À l'affiche de la comédie Entre amis, le trio de choc formé par Daniel Auteuil, Gérard Jugnot et François Berléand s'est adonné à une joyeuse discussion autour d'une table basse, enfoncés dans un canapé.
Complices, les trois hommes sont de véritables amis dans la vie de tous les jours. Alors quand on leur propose un film de potes, ou buddy-movie pour les spécialistes, les trois foncent tête baissée. Mais faut-il être amis dans la vie pour réaliser un tel film ? "Pas obligatoire, mais c'est mieux avec", lâche d'emblée l'ex-trublion du Splendid Gérard Jugnot. Son voisin de gauche, Daniel Auteuil, surenchérit : "Si c'est entre amis, c'est plus sympathique, un certain plaisir à se surprendre. Je suis aussi venu parce que je savais que j'allais retrouver ces camarades de jeu." Pour Gérard Jugnot, le fait d'être amis ne sera pas déterminant dans la qualité du film : mais "pour nous, c'est plus de plaisir", admet-il. "On est venu pour travailler, mais on en a bavé de rire, avoue malicieusement l'acteur des Bronzés. Mais c'est le principe de notre métier, il faut pas qu'on montre l'effort." Il dire que tourner dans un cadre doucement estival – même si la plupart des scènes ont été réalisées dans une piscine en studio, avec des effets spéciaux qui ont impressionné notre trois larrons – laisse à penser que le tournage ressemblait plus à des vacances rigolotes mais studieuses. "C'est jamais des vacances, un film", précise François Berléand, qui avoue avoir été le dernier choisi sur le projet. "Comme à l'école, où j'étais aussi le dernier", remarque-t-il.
Si nos trois acolytes ont dépassé la fleur de l'âge, ils demeurent trois enfants qui ont soif de plaisir – ce qui s'en ressent dans leurs projets, très différents aujourd'hui d'il y a 20 ans – et ne cachent aucun mal-être. Même si. "Je pense que pour faire ce métier, avec cette débilité à rester de grands enfants, il y a peut-être quelque chose derrière sans doute, note Gérard Jugnot. Mais moi, ça va très bien." Récemment séparé de Saïda Jawad, sa compagne pendant plus d'une dizaine d'années, le truculent comédien croit avoir identifié le vice d'aujourd'hui : les réseaux sociaux. "Avant il y avait 15 critiques, on savait qui c'était. Maintenant, ils sont 50 000 tous derrière leurs écrans, et c'est rarement pour être gentil", peste l'acteur de 63 ans, néanmoins très heureux de sa condition si on excepte ce "détail". "Je me méfie des gens qui n'ont pas d'humour", glissera-t-il en guise de conclusion.
"Je n'ai jamais fait de films fiscaux"
Avec Entre amis, Olivier Baroux a tenté de livrer une comédie dans la veine des films d'Yves Robert, Francis Veber et consorts. Pour Gérard Jugnot, qui aime "le cinéma qui rend heureux", "ce n'est pas courant des comédies ambitieuses comme celles-ci, où on met les moyens pour que ça se voie." Dans le studio, Liam Neeson (que Jugnot tente difficilement de prénommer) tournait. "On était comme lui, des vedettes d'un grand cinéma", assure Jugnot. "Mais avec plus d'eau", note Berléand. L'argent, justement, est-ce un tabou ? Sûrement pas pour nos trois stars. "Il ne faut pas dire que ça pervertit tout", note François Berléand alors que Gérard Jugnot prend en exemple la réussite de Babysitting, un film fait "avec des cacahuètes".
À respectivement 63 ans (Berléand et Jugnot) et 65 ans (Auteuil), les trois vedettes d'Entre amis ne semblent pas avoir de regrets, à l'instar de Daniel Auteuil qui revient sur ses actes manqués, Bienvenue chez les Ch'tis et Intouchables. "Je ne les ai pas ratés, je n'ai pas pu les faire, précise-t-il. Je n'ai pas de regrets, je n'aurais pas mieux fait qu'eux." A Gérard Jugnot de philosopher sur la question : "On fait la carrière qu'on mérite. Par exemple, j'ai accepté la pièce de Weber, Cher Trésor, après que beaucoup d'acteurs ont refusé le rôle. Et ça a pourtant été un gros succès." Et de conclure : "Je n'ai jamais fait de films fiscaux, pour payer mes impôts."