C'était il y a six ans et pourtant, il semble si loin ce mariage entre Meghan et Harry en la chapelle St George au château de Windsor Il suffit d'imaginer la scène aujourd'hui pour mesurer le chemin parcouru, pour mesurer ces distances mises entre les uns et les autres, le poids des maladies, des disparitions, l'ampleur des souffrances causées par les réquisitoires accablants d'un côté, les humiliations et les représailles de l'autre, les dégâts occasionnés par les scandales.
Elizabeth II, son mari Philip, encore en vie. Meghan, arrivant au bras de Charles, prince jouant les pères de substitution en l'absence de Thomas Markle. William, témoin heureux de Harry. Kate, en bonne santé, si souriante, si amicale avec le petit frère de son époux. Andrew, encore bien présent dans la famille. La scène semble surréaliste. Car que reste-t-il de tout ceci aujourd'hui ? La reine et son mari sont morts. Son fils est un roi malade, sous chimiothérapie. Les frères sont brouillés comme jamais. Kate se bat elle aussi contre un cancer et Andrew a été déchu de tous ses titres.
Et pourtant, l'essentiel est encore là : Harry et Meghan sont toujours mari et femme et ont eu deux enfants : Archie et Lilibet Toujours unis, malgré ces épreuves traversées, malgré les tempêtes, familiales ou même économiques qui se sont abattues sur eux durant ces 6 années. Un couple fort, tout du moins en apparence...
Car à bien y regarder, il ne se passe pas un mois sans qu'un article ne sorte dans le monde en évoquant un divorce entre eux. Il y a bien sûr les détracteurs invétérés qui, à l'instar d'un chroniqueurs comme Piers Morgan au Royaume-Uni, lequel avait estimé qu'Harry et Meghan étaient "un abruti horriblement privilégié et une actrice de seconde zone", tapent sur eux dès qu'ils le peuvent et saisissent le moindre prétexte pour prédire la fin de leur histoire. Ou aux Etats-Unis, la chroniqueuse Megyn Kelly qui souffle elle-aussi sur les braises. En 2023, elle avait estimé que les rumeurs de divorce étaient "entièrement plausibles". Jusqu'à Donald Trump qui, en avril 2022 avait joué les commentateurs royaux. Interrogé justement par Piers Morgan, il avait lâché : "Je pense que le pauvre Harry est mené par le bout du nez [par Meghan] ". L'ancien président des États-Unis candidat à sa réélection, et dont le propre mariage interroge, était convaincu que celui des Sussex " finirait et finirait mal ". " J'ai hâte de voir ce qui se passera quand Harry en aura assez d'être dirigé [...] Ou, quand elle décidera qu'elle lui préfère un autre homme. ", avait-il conclu.
Pas plus tard que le 8 avril 2024, après l'apparition publique de Harry et Meghan lors d'un événement artistique organisé par la Kinsey Collection à Los Angeles, Tom Quinn, un spécialiste de la royauté avait expliqué au Mirror que les preuves publiques d'affection du couple semblaient trop belles pour être vraies: "On a le sentiment, expliquait-il, que certaines de ces démonstrations étaient plutôt forcées. Des rumeurs récentes ont suggéré que la relation entre Meghan et Harry était tendue et cela a poussé le couple à faire cette démonstration publique de leur amour et de la solidité de leur mariage. Mais pour beaucoup, ces manifestations semblaient artificielles, beaucoup d'entre nous pensaient que Meghan paraissait rejouer des scènes de Suits ! Et Harry semble toujours très mal à l'aise avec les câlins en public !"
À l'heure où ces rumeurs continuent donc de courir, obligeant le couple à les démentir, il ne semble donc pas incongru de s'interroger sur un divorce entre eux. Et sur les conséquences qu'il aurait. Et de ce point de vue, Harry a du soucis à se faire...
Ceux qui ont choisi de passer devant un maire pour sceller leur amour savent qu'il ne pose pas beaucoup de questions. Une à la mariée, la même au marié, dont la réponse est généralement oui, et cet autre, systématique : "Un contrat de mariage a-t-il été établi ?" En France, près de 90% des couples répondent non. Ils sont alors mariés sous le régime de la communauté. En Angleterre, cette notion n'existe pas, néanmoins, une autre modalité protège les patrimoines des époux, les fameux "prenups", contraction de "prenuptial agreement", en français, un accord prénuptial.
Au Royaume-Uni, explique le site de conseil juridique BBS Law, "les accords prénuptiaux précisent notamment qui est responsable des finances pendant le mariage et à qui appartient le patrimoine après un divorce. Le but d'un contrat prénuptial est souvent de protéger une personne qui a généré ou hérité d'une richesse importante avant son mariage."
Et s'il y a une personne qui a hérité d'une richesse importante avant son mariage, c'est bien Harry !
Diana ne pouvait connaître son tragique destin, elle avait pourtant très jeune envisagé sa disparition, et avait pris des dispositions testamentaires. À sa mort, une grande partie de sa fortune, soit environ 10 millions d'euros, est allée à ses fils. Mais ils ne l'ont perçue que bien après, à leur 30 ans. Entre-temps, cet argent, qui avait été bien placé, a produit de formidables intérêts : la somme avait doublé ! Et il continue de travailler, générant un revenu annuel de 170 000 euros pour chacun des enfants !
Outre ces 10 millions d'euros, Harry a aussi hérité d'une petite part de la fortune de son arrière grand-mère, la reine mère, partie en laissant derrière elle un pécule de plus de 80 millions d'euros.
Même si on a tendance à l'oublier, le cadet de la famille a aussi travaillé. Dix années durant, il a servi dans la Royal Air Force -une activité qui lui a même valu d'être blessé au pénis en mission- et recevait à ce titre une solde annuelle de 45.000 euros à laquelle il ne devait pas toucher puisque tous ses frais étaient couverts par Charles. Le futur roi versait environ 5 millions d'euros par an à ses fils pour régler les dépenses courantes : voyages, frais de personnel, garde robe etc...
Alors qu'il s'apprête en ce début d'année 2018 à convoler avec Meghan Markle. Harry dispose d'un patrimoine estimé à 35 millions d'euros. Quelques semaines avant le mariage, des rumeurs font donc état de discussions en coulisses concernant l'établissement d'un "prenups" entre les deux futurs époux. On sait déjà à ce moment-là que Meghan Markle a de son côté une fortune estimée à moins de 5 millions d'euros engrangée grâce à ses cachets de comédienne dans Suits, série pour laquelle elle touchait autour de 50 000 euros par épisode tout de même ! Mais on sait surtout dans tout le royaume que sa précédente union avec Trevor Engelson n'a duré que trois ans ! De l'avis de tous, Harry devrait donc prendre les devants et protéger ses biens.
Il n'en sera rien. Quelques semaines avant la noce, Richard Eden, journaliste en charge des questions royales au Daily Mail écrit : "Il n'a jamais été question pour Harry de signer un contrat prénuptial", m'a confié l'un de ses amis. "Il est déterminé à ce que son mariage soit durable, il n'a donc pas besoin de signer quoi que ce soit."
En réalité, ce que l'on pourrait prendre pour une preuve d'amour et de partage de la part de Harry pour sa femme n'est que le fruit d'une longue tradition. Si les gens riches et célèbres établissent généralement des contrats de mariage à l'instar de Kevin Costner à qui le divorce va coûter une fortune, cela ne se pratique pas dans la famille royale. William n'en a pas avec Kate et Diana n'en avait pas plus avec Charles. La raison ? En l'absence de contrat, les détails se règlent en secret, entre avocat, et généralement, la "pièce rapportée", si elle n'a pas de sang royal est rémunérée de sorte que son silence, après la séparation, soit d'or...
Sauf qu'en l'état actuel des relations entre Harry, récemment vexé, et sa famille, il y a peu de chance pour que les Windsors achètent la paix et le mutisme de Meghan si le trublion de la famille venait à se séparer d'elle. Ils se retrouveraient donc devant des tribunaux traditionnels, des juridictions qui ont souvent tendance à favoriser les mères de famille, surtout si elles sont moins dotées que les maris.
Si la maman d'Archie, qui va bientôt devoir changer d'école, et Lilibet le quittait, ce n'est donc pas seulement son épouse qu'Harry perdrait. Il verrait s'envoler avec elle une grande partie de sa fortune. Est-ce pour se prémunir de cette sombre perspective qu'il exagère les démonstrations d'amour pour elle en public ? Pour l'heure, eux seuls le savent...