Réactualisation : Paris Première a diffusé vendredi 4 mars l'intégralité de ce superbe défilé qui marquait la fin d'une collaboration fructueuse entre John Galliano et la maison Dior. Voici quelques morceaux choisis.
Le 4 mars 2011 : C'était certainement le défilé le plus attendu de cette semaine de la mode. Et pour cause, la maison Dior présentait la dernière collection de son directeur artistique John Galliano, mis à pied et en cours de licenciement à la suite de la publication d'une vidéo sur laquelle on le voit tenir des propos à caractère antisémite et racial.
Une collection quelque peu orpheline donc, mais de nombreux spectateurs dans la salle, dont on ne savait pas vraiment s'ils bouderaient ou non l'événement. Absences remarquées néanmoins : celles des VIP qui garnissent habituellement le premier rang des défilés de la maison... Cette fois, on pouvait compter le célébrités sur les doigts d'une main puisque seules Leigh Lezark, Natalia Vodianova, Alysson Paradis ou encore Elisa Servier et Yasmine Besson ont fait le déplacement.
Les journalistes et rédactrices de mode, comme Alexandra Golovanoff, Mademoiselle Agnès, ou encore Anna Wintour et Emmanuelle Alt, ont bien sûr assisté à ce défilé historique, qui marque la fin d'une collaboration de quinze années entre l'enfant terrible de la mode et la maison française, présidée par Sidney Toledano.
Et il faut dire que depuis le début de la polémique, vendredi 25 février, le PDG de Christian Dior n'a pas chômé, décidant dès le 25 de suspendre le créateur, accusé dans deux affaires d'avoir proféré des injures raciales et antisémites et pour lesquelles il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Paris au deuxième trimestre 2011. C'est ce même Sidney Toledano, qui se fait très rare d'ordinaire, qui a ouvert le bal sur les coups de 15h, avec un discours fort et attendu. Très applaudi, il n'a pas manqué de saluer le génie artistique de Galliano, mais son nom n'a pas été mentionné une seule fois (et sur le site internet de Dior, plus aucune trace de son nom).
"Ce qui nous arrive aujourd'hui est une épreuve. Le fait que le nom de Dior ait pu être mêlé, par l'intermédiaire de son designer, si brillant soit-il, à des propos intolérables nous est très douloureux. Intolérable, parce que de tels propos sont inacceptables. Au nom de notre devoir de mémoire, au nom de toutes les victimes de l'Holocauste, au nom du respect de tous les peuples, au nom de la dignité humaine", a-t-il annoncé sur le podium, avant que les mannequins ne présentent la collection.
Et de poursuivre : "Douloureux, parce que chacun chez Dior qui s'est donné corps et âme à son travail est stupéfait et attristé par ces paroles inqualifiables. Douloureux enfin, parce qu'il s'agit de quelqu'un que nous avons apprécié pour sa remarquable créativité."
Et pour incarner cette somptueuse collection, ce sont les "petites mains" des ateliers qui ont effectué le salut final, dans leur blouse blanche, des petites mains largement applaudies avec une standing ovation mémorable et méritée. Un moment historique, une ambiance émouvante et électrique, pour le "coeur de la maison Dior, ce coeur qui bat et que l'on ne voit pas. Ces petites mains (qui) aujourd'hui ont le coeur serré".
Comme l'épilogue d'un livre qui se referme, Sidney Toledano a fait passer un message clair, avant que n'entrent les tops qui ont présenté une collection romantique et très forte. A l'extérieur du musée, quelques trouble-fête portant notamment des pancartes "The King is Gone" (le roi est parti), mais vite évacués par les policiers, dépêchés en masse devant le musée de la rue de Varennes.
L'automne/Hiver 2011/2012 vu par Dior
La première silhouette donne le ton de la collection. La femme Dior sera une aventurière romantique, déambule avec sa cap et ses bottes en cuir, d'un pas franc et assuré. La journée, elle joue avec les superpositions de matières et de couleur. Le cuir, le cachemire, le velours, sont sublimés par quelques accessoires scintillants, qui se font plutôt discrets mais remarqués. Les sacs et pochettes du soir sont exquis, les chaussures qui accompagnent les robes jouant avec la transparence, les plumes et les broderies, sont vertigineuses, et quand vient le soir, la femme Dior sait jouer avec la dentelle, les volants, tout en hésitant entre les tons poudrés, toujours délicieux, et les coloris tranchants comme le bordeaux, le bleu canard ou encore le vert. La taille est moins marquée, le cheveu est gaufré, plaqué mais sauvage, et l'allure est résolument dynamique et très féminine.
Un spectacle romantique, pour ne pas dire nostalgique, pour un défilé entré dans les annales.
S.B