Anne Sinclair vient de mettre en vente la maison du quartier chic de Georgetown qu'elle occupait à Washington avec son époux Dominique Strauss-Kahn lorsqu'il était directeur général de Fonds Monétaire International. Le couple semble vouloir tourner la page américaine de son histoire - et ne plus avoir de biens aux Etats-Unis, en cas de condamnation dans la procédure civile ? -, mais l'affaire du Sofitel, toujours instruite au civil, leur rappelle qu'il n'est pas tout à fait temps de passer à autre chose...
Les avocats de DSK ont demandé toutes les informations disponibles sur les entrées et sorties de la suite occupée le 14 mai par Strauss-Kahn, le détail de l'emploi du temps et des affectations de Nafissatou Diallo, la victime présumée, entre le 1er janvier et le 31 mars 2011, le listing des coups de fil passés depuis la chambre, ainsi que "tous les documents qui pourraient faire référence à l'agression sexuelle supposée", selon des documents de justice publiés mercredi. Mais les avocats de DSK veulent en premier les éventuels comptes-rendus de toutes les déclarations qu'aurait pu faire Nafissatou Diallo, par écrit ou à l'oral, sur les faits qu'elle dénonce.
Le Sofitel a 20 jours pour répondre à la demande des avocats de Dominique Strauss-Kahn, mais ne semble pas disposé à pleinement collaborer. "Ces demandes sont vagues et ambiguës", a fait savoir la direction, ajoutant un très étonnant : "Les informations qui pourraient être transmises ne sont pas pertinentes dans le cadre de cette procédure." Quand bien même, est-ce au Sofitel d'en juger ? Une source judiciaire, citée par Le Parisien, estime que ces informations sont pertinentes si par exemple "la direction de l'hôtel était au courant de certains agissements". Rappelons que dès les premiers jours de l'affaire, la direction du Sofitel s'était fendue d'un témoignage extrémement flatteur sur Nafissatou Diallo et sur son travail en général.
Du côté du camp Diallo, cette requête est accueillie avec beaucoup de bienveillance : "Nous y sommes tout à fait favorable", confiait au Parisien Douglas Wigdor, l'un des conseillers de la plaignante. "Ces éléments apporteront la preuve que notre cliente était au-dessus de tout reproche. Mais ils permettront surtout de démontrer qu'elle ne connaissait pas Dominique Strauss-Kahn et qu'elle n'avait jamais été en contact avec lui. Si les avocats de DSK cherchent à prouver le contraire, ils vont être déçus !"
Nafissatou Diallo et ses avocats, dont le brillant Kenneth Thompson, n'ont pas attendu le classement des poursuites au pénal par le procureur en août dernier pour porter l'affaire au civil. Le camp DSK a rétorqué en brandissant la carte de l'immunité dont il jouissait en tant que directeur général du FMI et a demandé le classement de l'affaire. Lundi, dans un long argumentaire, le camp Diallo a répliqué que cette demande n'avait aucune valeur et qu'il ne pouvait invoquer son immunité - ils n'ont pas tort. Le 18 septembre dernier, sur la plateau du JT de Claire Chazal, DSK déclarait ne pas vouloir négocier avec la partie adverse.
Tandis que l'affaire du Sofitel se poursuit, vient celle du Carlton. Le nom de DSK apparaît dans plusieurs dépositions (dont celle d'une prostituée) de cette affaire de proxénétisme aggravé et de recel d'abus de biens sociaux. Si on n'avait pas encore compris que DSK était un vrai libertin et que le sexe occupait une part importante dans sa vie privée... les choses sont claires aujourd'hui. Ce n'est en aucun cas un délit, mais il ne sort pas grandi de l'étalage de ce mode de vie. Et comment, le jour où il sera entendu par les services de police judiciaire dans ce dossier, expliquera-t-il qu'il ne savait pas que les prostituées apportées "sur un plateau" à Washington étaient "transportées", logées et payées, et par qui ? Que pour ses beaux yeux ? A ce jour, DSK n'a d'ailleurs toujours pas été entendu. Il est absent de France, nous vous informions qu'il est parti seul à Marrakech.
Les mises en examen se multiplient et les principaux protagonistes sont incarcérés. Le commissaire Jean-Christophe Lagarde a été mis en examen mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire et suspendu de ses fonctions. Hier, le commissaire Jean-Claude Menault, directeur départemental de la sécurité publique dans le Nord, a été entendu sous le régime de la garde à vue par la "police des polices" mais n'a pas fait l'objet de poursuites. Les juges d'instruction attendaient sans doute les dépositions de ce conseiller auprès de DSK sur les questions de sécurité, qui faisait partie du voyage à Washington en décembre 2010. En effet, ce dernier aurait déclaré avoir regagné sa chambre d'hôtel parce que l'ambiance de la soirée se débridait. Le commissaire aurait peu apprécié la tournure des événements et s'était senti "un peu piégé", rapporte l'AFP.
Ces affaires n'ont pas stimulé que les journalistes : un site web baptisé Mypornproductions propose à ses internautes de devenir coproducteur d'un film pornographique retraçant l'affaire du Sofitel. Le vétéran du X Roberto Malone incarne DXK, "patron d'une grande institution financière" qui ne peut "résister aux charmes le femme de chambre (Katia Dé Lys)". "C'est l'occasion rêvée pour elle de sortir de l'anonymat et d'utiliser tous les moyens pour faire payer ce très chaud lapin." Le volet américain de l'affaire DSK avait, dans un autre genre, inspiré un épisode plus vrai que nature de la série New York: Unité Spéciale.