"Je ne pense pas avoir de problème particulier avec les femmes", a affirmé Dominique Strauss-Kahn, hier, mercredi 10 juillet, dans une interview accordée à CNN. Une interview présentée par la chaîne américaine comme étant la première interview en anglais de l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI), depuis sa démission forcée après les accusations de viol lancées contre lui le 14 mai 2011 par une femme de chambre guinéenne de l'hôtel Sofitel de New York.
Hier, CNN dévoilait un extrait de cette interview évoquant l'affaire Sofitel. DSK revenait sur ce moment "terrible" qu'a été pour lui son arrestation à New York, il y a deux ans : "Je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas pourquoi j'étais là."
"J'ai eu tort, parce que les gens n'attendent pas ce genre de comportement hétérodoxe"
Au journaliste qui lui demande s'il a "un problème avec les femmes", l'économiste et homme politique français répond deux fois par la négative. Avant d'ajouter : "J'ai certainement un problème pour n'avoir pas compris que ce que l'on attend d'un homme politique de très haut niveau est différent de ce que peut faire M. Tout-le-monde."
L'ancien responsable a indiqué : "J'ai fait cette erreur de penser qu'on pouvait avoir vie publique et vie privée 'ensemble, sans lien entre elles'. J'ai eu tort, parce que les gens n'attendent pas ce genre de comportement hétérodoxe de la part de quelqu'un qui a des responsabilités publiques (...) Je ne voulais pas payer ce prix et finalement, je l'ai payé deux fois", a-t-il dit.
"Quelque chose est arrivé qui relevait de la vie privée, et je pense toujours que ce qui s'est passé dans la chambre relève de la vie privée, à moins qu'un procureur vous dise que vous allez être inculpé pour avoir fait quelque chose et qu'il en a les preuves", poursuit-il, "mais quand le procureur vous dit 'OK, finalement, nous n'avons pas de quoi vous inculper', cela veut dire que c'est une affaire privée, et personne n'a rien à dire là-dessus."
"J'étais prêt à aller au procès civil"
Cette affaire du Sofitel, qui a démarré le 14 mai 2011 à New York, a été depuis réglée à l'amiable. Mais ce jour-là, il s'en souviendra toute sa vie. Accusé de viol par une femme de chambre guinéenne du Sofitel de New York, Nafissatou Diallo, DSK est alors arrêté par la police.
S'il est aujourd'hui délesté de cette affaire Sofitel - les poursuites pénales ont en effet ensuite été abandonnées par le parquet de New York, qui avait remis en cause la crédibilité de Nafissatou Diallo -, DSK avait malgré tout dû démissionner de son poste de directeur général du FMI, après ces accusations de viol. Il a aussi trouvé un accord financier avec Nafissatou Diallo pour arrêter les poursuites qu'elle avait engagées contre lui au civil pour une somme versée par lui, estimée à 5 millions de dollars. "J'étais prêt à aller au procès (civil)", a-t-il déclaré hier, au journaliste de CNN. Ajoutant que ses avocats lui ont conseillé de ne pas le faire : "Mes avocats m'ont dit : "ça va prendre quatre ans et ça va vous coûter plus cher en frais de justice (...) même si vous gagnez". J'ai donc décidé de (conclure) un accord financier et de continuer ma vie."
Alors plongé dans cette affaire Sofitel, l'ancien présidentiable socialiste a dû renoncer à se présenter au scrutin de 2012. Aujourd'hui, il regarde vers l'avenir et déclare : "Je travaille de par le monde avec les gouvernements, je suis content d'aider et j'aime cela."
Sorti de ce scandale, l'économiste et homme politique français demeure inquiété dans une autre affaire, celle du Carlton de Lille pour laquelle il est mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée". En juin, le parquet a requis à son égard un non-lieu. Un très bon signe pour les avocats de Dominique Strauss-Kahn, qui ne doutent plus de l'acquittement de leur client.
En février dernier, plus de deux ans après l'affaire du Sofitel, DSK n'avait toujours pas fini de faire couler de l'encre. L'ex-directeur du FMI et sa sexualité débridée faisaient alors l'objet d'un nouveau livre intitulé Belle et Bête (Ed. Stock), signé Marcela Iacub, une juriste et essayiste qui a partagé la vie de l'ex-ténor du PS durant sept mois entre janvier et août 2012.
Au sujet de cet ouvrage, le célèbre économiste prenait alors la parole en public pour exprimer son "dégoût". Depuis cette intrigue médiatique, judiciaire et littéraire, l'ancien ministre et directeur général du FMI est réapparu, à la surprise de tous, sur les marches du Festival de Cannes au bras de sa compagne Myriam L'Aouffir puis dans les tribunes des finales du tournoi de Roland-Garros.