Le 4 novembre 2016, Netflix met en ligne la première saison de l'une de ses plus ambitieuses séries à ce jour : The Crown. Créée par Peter Morgan, réalisée par Stephen Daldry (Billy Elliott, The Hours...), la première saison suit le destin de la jeune princesse Elisabeth alors qu'elle vient d'épouser Philip Mountbatten et d'accéder au trône. The Crown, série originale Netflix retraçant le règne d'Elisabeth II, explore notamment cette love story avec Claire Foy et Matt Smith dans le rôle de la reine et du prince consort.
Colossal et admirable, le règne d'Elisabeth II tend à projeter du haut de ses 64 années une ombre monumentale sur l'autre grande histoire de sa vie : son histoire d'amour exemplaire avec le prince Philip, duc d'Edimbourg, qui fêtait en juin son 95e anniversaire, deux mois après ses 90 ans à elle. Le couple royal célébrera en 2017 ses noces de platine - 70 ans d'un mariage qui fut, est et restera le point d'ancrage de la monarque. "Il a été, pour dire les choses simplement, ma force et mon étai durant toutes ces années, déclarait-elle déjà au sujet de son époux en 1997 à l'occasion de leurs noces d'or. Moi-même comme l'ensemble de sa famille, nous avons envers lui une dette bien plus grande que ce qu'il revendiquerait ou que nous en aurons jamais conscience."
Pour "Lilibeth", comme on l'appelait dans la sphère familiale au temps de leur coup de foudre à la fin des années 1930, Philip a renoncé à sa carrière dans la Marine et abandonné ses titres de prince de Grèce et de Danemark, il s'est converti à l'anglicanisme, il a arrêté de fumer, il a accepté malgré ses ambitions personnelles de vivre avec dévotion dans l'ombre d'une femme de pouvoir, et il a même appris à... supporter les corgis qu'elle adore et auxquels lui ne voue pas la même passion. Si l'opinion publique retient surtout son côté gaffeur et son caractère ronchon, il oublie un peu son louable sens du devoir et du sacrifice. Privilège de cet amour inconditionnel qu'il lui a juré, il est le seul à savoir qui est vraiment celle qu'il surnomme "chou" quand leurs petits-fils William et Harry l'appellent volontiers "the boss" avant que de l'appeler "mamie". "Il la fait rire", signala d'ailleurs il y a quelques années l'aîné des fils du prince Charles en parlant de son grand-père et des recettes de la solidité de son mariage avec la reine. "Il est son rocher et elle est le sien", s'émut une autre de leurs descendantes, la princesse Eugenie d'York, lorsque ce papy qui fut solide comme un roc jusqu'à ses 90 ans connut quelques pépins de santé.
Elisabeth avait 8 ans et Philip 13 lorsque leurs chemins se sont croisés pour la première fois, en 1934, au mariage de la princesse Marina de Grèce (cousine de ce dernier) et du prince George, duc de Kent (oncle de la première). Elle en avait 13 et lui 18, en 1939, quand elle est tombée amoureuse du beau et grand (1m88) prince grec et danois, son cousin issu de germain, chargé de l'escorter ainsi que sa soeur Margaret à l'occasion d'une visite avec leur père le roi George VI au Collège naval royal de Dartmouth, dont Philip est sorti cette année-là - meilleur cadet de sa promotion. Dès lors, elle se serait juré que ce serait lui et personne d'autre. "La reine était éprise dès le début, révéla un jour l'ancien photographe royal Ian Pelham-Turner. A l'époque où elle était la princesse Elisabeth, le tout premier jour où elle a rencontré le prince Philip. Evidemment, il n'était pas encore le prince Philip, mais seulement un jeune officier naval à Dartmouth." L'ancienne gouvernante de la princesse qu'elle était alors, Marion Crawford, confirme pour l'avoir observé lors d'une tea party qu'elle "ne le quittait pas du regard", alors que lui ne faisait pas particulièrement attention à celle qui n'était encore qu'une adolescente. Même son de cloche du côté de Margaret Rhodes, illustre cousine d'Elisabeth, qui affirme qu'elle "n'a jamais regardé personne d'autre".
Les deux jeunes gens se mirent à s'envoyer des lettres, chaque semaine, et, malgré l'engagement du prince Philip dans le Seconde Guerre mondiale la même année, le charme opéra - dans l'une de ses missives ultérieures, il lui écrira qu'être "tombé amoureux totalement et sans réserve" est l'une des bonnes choses qui lui sont arrivées. Durant cette période, il profita de ses permissions pour rendre de multiples visites à Elisabeth, qui devenait peu à peu une adulte elle-même investie pendant le conflit, dans les diverses résidences de la famille royale. A Noël 1943, leurs proches rassemblés au château de Windsor ne pouvaient pas ne pas voir la romance qui était en train de s'épanouir...
Bien qu'il fasse bonne impression à ses futurs beaux-parents, c'est en secret que le prince Philip demande la princesse Elisabeth en mariage, en 1946 - "c'était magique", aurait-elle confié des années plus tard. Et celle-ci d'accepter de l'épouser... sans même consulter son père le roi George VI, qui lui avait pourtant demandé de prendre son temps. En vain, la princesse est déterminée et éperdument amoureuse : "Philip est un ange, c'est comme si nous appartenions l'un à l'autre depuis des années", dira-t-elle un jour à ses parents. Ce n'est qu'ensuite, au cours de l'été de la même année, que le prétendant demande formellement la main de sa dulcinée au monarque, lequel lui demande de patienter jusqu'au 21e anniversaire de sa fille, le 21 avril 1947, pour acter cet engagement. Les fiançailles seront officiellement annoncées au public le 10 juillet 1947, provoquant des réactions mitigées et suscitant une vive controverse : étranger lié aux maisons royales de Grèce et de Danemark, pas assez raffiné, le potentiel époux de la princesse, malgré ses états de service comme lieutenant de la Royal Navy, n'est pas perçu comme un choix judicieux pour la Couronne. Soucieux d'arrondir les angles, l'intéressé abandonne ses titres princiers, est naturalisé anglais, se convertit à l'anglicanisme et prend le nom de jeune fille de sa mère : Mountbatten.
Un an après leurs fiançailles secrètes, et quatre mois seulement après leur officialisation, la princesse Elisabeth et le lieutenant Philip Mountbatten, qui reçoit en ce jour les titres de duc d'Edimbourg, comte de Merioneth et baron Greenwich, se marient en l'abbaye de Westminster, le 20 novembre 1947. 200 millions de personnes dans le monde écoutent à la radio (BBC) la cérémonie que le Premier ministre Winston Churchill qualifie "d'éclair de lumière sur la difficile route que nous devons emprunter".
Bientôt 70 ans plus tard, et bientôt 80 après cette partie de croquet à Dartmouth où le coeur d'Elisabeth chavira, le chemin parcouru est incroyable. Les conjoints ont certes des centres d'intérêt différents - "au moins, on ne se dispute pas pour ça", dixit monsieur - et font chambre à part de longue date, mais le mariage de celle qui devint reine en 1952 et de celui qui assume la fonction de prince consort depuis 1953 a traversé toutes les épreuves, qu'elles relèvent de l'intime comme de la vie publique - les divorces de trois de leurs quatre enfants, la mort tragique de Lady Di... "J'ai fait de mon mieux, avec l'amour et l'aide constants du prince Philip, pour interpréter correctement [le message du peuple] tout au long de notre mariage et de mon règne en tant que votre reine", considérait la reine Elisabeth II, quelques mois après ce drame, dans le magnifique discours de leurs noces d'or. "Vous pouvez comprendre en me voyant que la reine a comme qualité la tolérance en abondance", confia avec humour son époux en la même occasion. Un époux qui n'a jamais abdiqué la mission qu'il a lui-même revendiquée : "Mon travail, en premier, en second et en dernier lieu, c'est de ne jamais décevoir la reine."
Une love story que The Crown, série originale Netflix retraçant le règne d'Elisabeth II, explore avec Claire Foy et Matt Smith dans le rôle de la reine et du prince consort.
La saison 1 de The Crown est disponible dès le 4 novembre, en exclusivité sur Netflix.
GJ