Elle aura décidément tout connu : la guerre, les crises royales, Windsor en feu... Aujourd'hui, alors qu'elle fête ses 94 ans ce 21 avril 2020, la reine Elizabeth II fait face à la crise du coronavirus. Pour la première fois en 68 ans de règne, les traditionnels coups de feu tirés depuis la Tour de Londres et Hyde Park ne viendront pas marquer cet anniversaire royal. Comme l'a rapporté un porte-parole du palais, la monarque a elle-même pris cette décision, trouvant ces festivités inappropriées en cette période de pandémie. La parade Trooping The Colour, qui fête tous les mois de juin son anniversaire, a elle aussi été annulée.
Comme à chaque crise qu'elle a dû affronter depuis qu'elle est montée sur le trône, en 1952, c'est avec dignité et détermination qu'Elizabeth II a tenu à apporter son soutien à ses concitoyens faisant face à la menace du Covid-19, lors d'une rare allocution télévisée retransmise le 5 avril depuis le château de Windsor. Un discours lors duquel elle s'est rappelée sa première prise de parole à la radio en 1940, pour les enfants évacués à cause de la Seconde Guerre mondiale. La vie plutôt tranquille de la petite Lilibet avait en effet changé quatre ans plus tôt, lorsque son oncle Edward VIII a abdiqué par amour, forçant son père à le remplacer en devenant le roi George VI.
Le premier véritable challenge auquel Elizabeth a dû faire face est le décès de son père, en 1952, alors qu'elle est en tournée royale au Kenya avec son mari le prince Philip. Rentrée d'urgence à Londres, elle entame alors les préparations pour son accession au trône à seulement 25 ans. S'ensuivent la crise du canal de Suez en 1956 et la fin de l'empire britannique au fil des décolonisations en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. En 1981, alors que la reine, à cheval, prend part à la parade Trooping The Colour célébrant son anniversaire, six coups de feux sont tirés par un adolescent, un certain Marcus Sarjeant. Bien qu'il s'agissait de cartouches à blanc, le jeune tireur est arrêté et passe 3 ans en prison.
Dix ans plus tard, juste après la guerre du Golfe, Elizabeth II entame ce qu'elle appelle son Annus horribilis [année horrible en latin, NDLR] : en 1992, son fils le prince Andrew se sépare de sa femme Sarah Ferguson après qu'elle a été photographiée avec un autre homme, sa fille la princesse Anne divorce quant à elle de son premier mari le capitaine Mark Phillips. Vient ensuite la séparation de son fils le prince Charles, héritier au trône, avec son épouse Diana. En novembre de cette même année riche en émotion, un incendie accidentel se déclare au château de Windsor. Le sinistre cause de graves dégâts et détruit de nombreuses oeuvres d'art, au point de nécessiter 5 ans de travaux et 37 millions de livres.
En 1997, la famille royale fait face à la disparition tragique de la princesse de Galles, décédée dans un accident de voiture à Paris à 36 ans. Rapidement, la reine est critiquée pour son lourd silence, qu'elle rompt finalement à la veille des funérailles de Diana avec une rare allocution télévisée. Le deuil d'Elizabeth se poursuit en 2002, lorsqu'elle perd successivement sa soeur la princesse Margaret, à 71 ans, puis sa mère, à l'âge de 101 ans.
A plus de 90 ans, la reine d'Angleterre se retrouve une nouvelle fois à gérer plusieurs crises au sein de sa propre famille : en janvier 2019, son mari le prince Philip est impliqué dans un accident de voiture alors qu'il conduisait à 97 ans, puis leur fils le prince Andrew est une nouvelle fois accusé d'agression sexuelle sur mineure. L'amitié de celui-ci avec le prédateur sexuel américain Jeffrey Epstein le contraint à prendre sa retraite royale en novembre 2019. Vient ensuite le scandale du Megxit : la prise de distance de Meghan Markle et Harry, le petit-fils chéri de la reine, désireux de prendre leur indépendance moins de deux après leur mariage royal.
A peine un accord avec les Sussex est-il annoncé, en début d'année 2020, que le Royaume-Uni recense ses premières victimes du coronavirus : "Bien que nous ayons déjà fait face à des défis, celui-ci est différent. Cette fois, nous nous joignons à toutes les nations du monde dans une entreprise commune, en utilisant les grandes avancées de la science et notre compassion instinctive pour guérir, a-t-elle affirmé depuis Windsor, le 5 avril. Nous réussirons - et ce succès appartiendra à chacun de nous."