C'est la belle histoire du palmarès de ce 68e Festival de Cannes. Emmanuelle Bercot, 47 printemps au compteur, a reçu le Prix d'interprétation féminine pour sa prestation dans Mon roi, de Maïwenn. Un prix qu'elle a partagé avec Rooney Mara, la prude et timide vendeuse de Carol qui en pince pour Cate Blanchett, une aristo en plein divorce.
Sur scène, après avoir reçu son prix des mains de Tahar Rahim, l'actrice française ne cachait pas sa joie, ni sa vive émotion. "Ce prix, je veux dire à Maïwenn qu'il récompense son audace, son sens aigu de la liberté, son anticonformisme. Après Polisse, elle pouvait viser les plus hautes sphères, avoir les plus grandes actrices. Et non, elle a choisi une inconnue de 46 ans pour être son actrice", a-t-elle déclaré, déclenchant une salve d'applaudissements nourris. Avant d'ajouter : "Il n'y avait qu'elle pour oser ça, et Alain Attal pour la suivre. Maïwenn, t'as cru en moi comme personne avant, m'a regardée comme personne avant." La jeune réalisatrice de Mon roi n'a pu s'empêcher de laisser échapper quelques larmes.
Très émue, Emmanuelle Bercot a également eu quelques mots pour son génial partenaire à l'écran, Vincent Cassel. "Mon roi, c'est toi et moi, Vincent. Face à toi, tout est devenu plus facile, plus grand, plus joyeux, je sais ce que je te dois. Mais je veux aussi dire qu'en plus de l'immense acteur que tu es, la si belle personne que tu as été sur le tournage, ta bienveillance, son soutien, ta générosité constante, et je me souviens que tu me disais 'un jour, tu seras récompensée pour ce que tu fais' et tu ne t'es pas trompé !", a-t-elle raconté, avant de remercier Thierry Frémaux "de [lui] avoir offert la semaine la plus dingue de [sa] vie". Durant le Festival, elle était en effet venue défendre Mon roi mais également présenter La Tête haute en ouverture du Festival de Cannes, le dernier film qu'elle a réalisé.
Évoquant ses "trois bonnes fées, Marina Foïs, Sandrine Kiberlain et Cécile Felsenberg" qui lui ont "donné confiance", Emmanuelle Bercot a assuré, au bord des larmes, que "la vie peut aller au-delà des rêves" comme elle peut elle-même le constater. "Je pense à Shana [Besson, fille de Maïwenn, NDLR], je pense à Diego [Le Fur, fils de Maïwenn] et je pense à Nemo [Schiffman, son fils], mon ange-gardien, ma force et mon courage", a-t-elle conclu.
Christopher Ramoné