L'affaire du reportage bidonné, diffusé durant le journal de 13h de TF1 présenté par Jean-Pierre Pernaut le 23 juin, continue de faire parler d'elle. Une véritable polémique dans laquelle il reste de trop nombreuses zones d'ombre ! Aujourd'hui, on apprend que les journalistes auteurs du fameux reportage sur le contrat de responsabilité parentale, dans lequel un agent du conseil général des Alpes-Maritimes se faisait passer pour une mère en détresse, "ont quitté l'entreprise". C'est leur employeur, NMTV, filiale de Nice Matin, qui a fait cette déclaration ce matin, mercredi 13 juillet, à l'AFP.
Pour rappel : alors qu'un sujet sur le contrat de responsabilité parentale (CRP) mis en place dans le cadre de la loi contre l'absentéisme scolaire par le président (UMP) du conseil général des Alpes-Maritimes Eric Ciotti passe à l'antenne, une mère de famille témoigne de sa situation : "J'ai un enfant qui ne va plus à l'école, qui commence à sécher. Je suis un peu inquiète, l'éducation m'a alertée". Des déclarations qui appuient parfaitement l'action du conseil général. Cependant, il s'agit d'une véritable supercherie qui ne tarde pas à être dévoilée ! Reconnue par Jacques Victor, président du groupe communiste au conseil général, cette femme n'est autre qu'Audrey Bel, l'attachée de presse d'Eric Ciotti... Qui plus est, elle n'est pas du tout mère de famille !
Frédéric Touraille, directeur général de Nice Matin et gérant de NMTV a simplement déclaré : "Les deux journalistes ont quitté l'entreprise." Une décision qui a dû être prise dans un délai des plus courts avant d'être annoncée puisque même les syndicats du groupe Nice Matin n'étaient pas encore au courant. Frédéric Touraille s'est refusé à toute explication... Bizarre. Fin juin, ce dernier avait indiqué que les deux journalistes avaient dans un premier temps "été mis à pied à titre conservatoire". Ajoutant : "Je les reverrai mercredi de la semaine prochaine pour avoir une explication sur leur comportement et qu'ils me donnent les raisons et me précisent les circonstances de ce qui s'est passé."
Dans cette affaire, Nice Matin et TF1 n'ont cessé de s'innocenter. Ainsi, suite à cette découverte, TF1, par l'intermédiaire de sa directrice de l'information Catherine Nayl, a exprimé son mécontentement, et rejeté la faute sur Nice Matin, qui s'est à son tour désolidarisé de cette bavure et fait porter le chapeau à la filiale chargée de réaliser le reportage : "C'est une filiale qui réalise les reportages dans le cadre de contrats de correspondance avec TF1, pas la rédaction. Je ne veux pas que cette affaire lui porte préjudice", avait alors précisé Frédéric Touraille, le gérant de cette fameuse filiale, NMTV.
Du côté du conseil, Eric Ciotti avait déclaré : "Je n'étais pas au courant. C'est une faute professionnelle", précisant que son attachée de presse avait témoigné "à la demande de TF1". Cette dernière, suite au scandale, a finalement présenté sa démission, acceptée immédiatement par son supérieur hiérarchique.
Le Canard Enchaîné, en kiosques mercredi 29 juin, rappelle une information qu'il a souvent révélée, à savoir que le conseil général des Alpes-Maritimes sponsorise les voitures du pilote... Jean-Pierre Pernaut et de son fils Olivier Pernaut dans le cadre de la course sur glace du Trophée Andros. Souvenez-vous, le journal satirique s'était amusé de voir le journaliste faire sa publicité en lançant un reportage dithyrambique sur l'événement sportif. Un constat qui prouve que le maestro du JT et Eric Ciotti se connaissent extrêmement bien.
Quant au journaliste, dans ses excuses présentées le lundi 27 juin, Jean-Pierre Pernaut déclarait : "Nous sommes, en tout cas, sincèrement désolés de ce manquement inadmissible au sérieux, à l'éthique et à la déontologie de l'information. C'est la première fois dans l'histoire de nos journaux. Nous ne pouvions, ici, ni déceler ni imaginer pareille faute malgré les procédures de contrôle mises en place pour chacun des 15 000 reportages que nous diffusons chaque année. Néanmoins, nous vous prions bien évidemment d'accepter nos excuses." Une déclaration que OuestFrance.fr a qualifiée de "mensongère", puisque des affaires du même type sont monnaie courante dans les journaux télévisés de la première chaîne.
Une question : ça veut dire quoi, "ils ont quitté l'entreprise" ? Un deal leur a-t-il été proposé, ont-ils été licenciés ? Cette phrase est étonnante et les syndicats devraient avoir des éclaircissements... On aimerait bien savoir !
Chloé Breen