C'est une petite terre entre Avignon et le Lubéron, une région que les stars connaissent bien et où elles vont souvent s'y réfugier dans de belles résidences secondaires, que ce soit sur les communes de Gordes, Lacoste ou Bonnieux, magnifiques villages perchés éloignés des grands axes touristiques... Non loin de là, L'Isle-sur-la-Sorgue, une autre ville du Vaucluse a longtemps fait parler d'elle pour l'un de ses célèbres habitants. Le chanteur Renaud y avait posé ses valises et y résidait à l'année. Mais ça, c'était avant... Avant que l'amour, qu'il partage avec Cerise, qu'il vient d'épouser, ne le fasse déménager vers la Loire-Atlantique. Avant, surtout, qu'un autre chanteur, tout aussi célèbre, ne vienne le remplacer dans le coeur des L'Islois : Patrick Bruel, qui est en train d'y bâtir un petit empire.
Au centre de la ville, une énorme grue est à l'ouvrage. Elle travaille au-dessus d'un immeuble de 600 mètres carrés qu'a racheté l'artiste il y a quelques années. Pièce à pièce, il a été démonté. À sa place, un nouvel édifice devrait ouvrir ses portes début 2025. Un hôtel très haut de gamme apprend-on en 2021 lorsque débutent les travaux. En réalité, il s'agira de bien plus que ça : un fabuleux complexe de quarante-neuf chambres comportant un spa, un restaurant, un bar-club, un espace de coworking, une galerie d'art, un espace dédié à la découverte et à des expériences autour du vin, et une boutique-hôtel. "Mais pas de casino", précisait en mars 2024 le chanteur à La Provence, amoureux du poker. Pas question de se fâcher de nouveau avec des habitants du coin.
Car tout n'avait pas très bien commencé... En 2006, lorsqu'il découvre le plateau de Margoye, à quelques kilomètres de de L'Isle-sur-la-Sorgue, Patrick est charmé. La terre, balayée par le mistral, embaume la lavande et le thym. Des oliviers parsèment le décor. Lui, qui a passé les trois premières années de sa vie en Algérie avant que ses parents n'en partent en 1962, retrouve cette douce ambiance méditerranéenne. Désireux de s'offrir une maison familiale qu'il pourrait léguer à ses deux fils, Léon et Oscar, il acquiert une ancienne ferme du XIIe siècle entourée d'une petite oliveraie.
Mais en 2009, la presse locale fait état d'un clash entre le célèbre résidant et quelques habitants. Pour se protéger des chasseurs ou autres motards prenant ses terres pour un terrain de jeu, Patrick Bruel fait ériger à la hâte une haute clôture qui suscite de vives critiques. Tout sera vite régularisé, et l'ambiance, pacifiée avec les riverains. Désormais, à L'Isle-sur-la-Sorgue, Patrick est comme chez lui et sa propriété n'en finit pas de s'étendre.
"Lorsque j'ai repris le domaine en 2006, je n'avais aucune velléité agricole, je cherchais simplement une maison de famille, et cet endroit est devenu le centre de mon monde, quelque part entre l'Algérie et Paris", expliquait Patrick au Figaro en 2023. Il va poser la première pierre de son édifice en redonnant des couleurs aux arbres de sa résidence... "Quelques mois après que je sois tombé amoureux de la propriété, explique-t-il sur le site internet du domaine de Leos, -imaginé à partir du prénom de ses deux fils Léon et Oscar-, j'ai pu, avec l'aide d'une équipe d'experts, aussi passionnés que moi par ce lieu, régénérer les 200 oliviers existants, en les faisant tailler." De fil en aiguille, de rachat de parcelles en expertises avec des professionnels, l'oliveraie grandit. Elle compte aujourd'hui 2300 arbres qui s'étendent sur une surface de 7 hectares. En résulte une huile d'olive qui a rapidement conquis les spécialistes. Baptisée H, récompensée par de multiples médailles, elle est distribuée dans de célèbres enseignes d'épiceries fines et servie dans des restaurants étoilés. Sa renommée a un prix : 29 euros les 500 ml.
Qui dit Provence dit aussi vin. Son exploitation est dépourvue de vigne quand il l'acquiert ? Qu'importe, Bruel, passionné d'oenologie et de vin comme son ex Amanda Sthers, va en planter. Elles couvrent désormais 13 ha qui ne font que grandir. En 2022, il sort ses premières bouteilles de rosé : 3 500 bouteilles. L'année suivante, il en produira 25 000 ! Et il ne compte pas s'arrêter là, plantant sans relâche de nouveaux cépages pour produire aussi du blanc, et bientôt du vin rouge. Sa cuvée, Augusta, du prénom de sa maman, se vend 17 euros 90 et le blanc arbore même le label bio !
De l'huile, du vin, pourquoi s'arrêter en si bon chemin? En 2019, pour son anniversaire, Patrick Bruel reçoit en cadeau des ruches... Les abeilles produisent aujourd'hui des miels de fleurs et de lavande vendus entre 12,50 et 15,50 euros le pot de 250 grammes. Et comme du thym pousse aussi sur la propriété, pourquoi ne pas l'additionner à des fraises, des abricots, des myrtilles ou des clémentines pour en faire des confitures...
Patrick Bruel n'a pas attendu la soixantaine pour se lancer dans des business. Sur les registres du commerce, son nom apparaît dans 15 sociétés différentes. Dans l'industrie musicale, il possède notamment l'entreprise 14 productions, créée en 1985 référence à son chiffre fétiche et qui en 2019, a généré l'incroyable chiffre d'affaires de 30,2 millions d'euros pour un résultat net de 7 millions d'euros. Il a aussi des parts dans des sociétés cinématographiques ou d'hôtellerie à Paris. Mais depuis quelques années sont venues s'ajouter à la galaxie ses sociétés L'Isles de Leos, Leos ou encore Suggest Hôtellerie, des entités qui correspondent à ses nouvelles activités dans le Sud.
Sa dernière trouvaille ? Se lancer dans des produits de beauté à base d'huile d'olive. Savons, huiles, crèmes, bougies parfumées sont déjà à la vente en ligne sur son site et seront à l'honneur, l'an prochain, lorsque son complexe de L'Isle-sur-la-Sorgue aura ouvert ses portes. Pour élaborer ces produits plutôt luxueux -21 euros le savon liquide pour les mains- il s'est attiré les services de Solène Gayet, passée par L'Oréal, Dior ou l'Occitane. "J'ai rencontré Patrick Bruel l'année de mon arrivée à Aix, en 2018, expliquait-elle à Vaucluse hebdo en février 2024. L'année suivante, on démarrait vraiment le projet et la marque sortait en 2021."
Aujourd'hui, à l'image de cette marque baptisée L'Olivier de Leos, le business provençal de Bruel n'en finit pas de grandir et ses branches de se ramifier. Objectifs du chanteur : se faire plaisir avec des beaux produits et transmettre. Ainsi qu'il le confiait au Figaro : "Ce sont mes enfants qui entendront peut-être parler un jour des vins de Léos comme de "grands" vins." Les affaires de Patrick Bruel semblent à l'image du breuvage : elles se bonifient avec le temps.