Toujours une canne à la main, suite à la chute de sa moto sur son pied et qui a du mal à guérir et l'oblige à porter une attelle, l'acteur français a été chaudement accueilli au Québec. Pendant plus d'une heure, ce bon vivant a tenu cette leçon non loin du fondateur de ce festival, Serge Losique.
Le comédien possède en lui une foule de souvenirs, d'anecdotes qu'il partage avec le public comme l'inimitié entre Michel Piccoli et Yves Montand sur le tournage de Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet ou encore sa bataille pour avoir le même cachet que Robert de Niro pour 1900 de Bernardo Bertolucci : "J'ai dit à mon agent : On est nés le même jour ; on fait tout pareil.
Il n'hésite pas à entrer en confidence :"Je n'ai pas peur du ridicule, d'ailleurs je n'ai jamais eu peur. Je chie sur la honte. On est ridicule quand on a peur, sur ce qui nous échappe. Je dis aux jeunes acteurs, soyez sûrs de vous (...) le jour ou j'aurais peur, je serais mort".
Depardieu laisse aussi la place à l'émotion quand il parle de ceux qui sont partis : "François Truffaut [pour qui il a tourné dans Le Dernier Métro], c'était un ami et c'est toujours un ami parce que ces gens qui sont partis, comme Maurice [Pialat, qui l'a dirigé dans Sous le Soleil de Satan], comme Guillaume [son fils], sont là tous les jours en moi." Selon lui, la mort n'existe pas et ceux qui meurent vivent en nous sans arrêt, reprenant les mots de Proust. Il rend également hommage au cinéaste Alain Corneau, décédé le 29 août dernier, et qui les avait fait travailler, son fils et lui, dans l'admirable Tous les matins du monde : ''C'était un passionné avec des douleurs secrètes que personne ne pouvait voir, qu'il cachait derrière son sourire.''
S'il sait être émouvant, il sait également piquer les autres artistes comme Francis Veber, réalisateur qui l'a fait jouer avec Pierre Richard dans La Chèvre, Les Compères et Les Fugitifs. Il l'accuse d'être un "pervers" car il peut reprendre des dizaines de fois la même scène "il fait faire 78 prises ce qui n'est pas normal" déclare-t-il. Avec Jean-Luc Godard, avec qui il a tourné dans Hélas pour moi, il semble plus dur : "C'est quelqu'un qui a ses lettres de noblesse, qui a bien emmerdé le cinéma, et qui surtout a conforté les intellectuels dans une chose qui les rassure. Tant mieux pour eux.'' Avec Gérard Depardieu, on ne tourne jamais autour du pot !Gérard Depardieu sera au cinéma dès le 10 novembre dans Potiche de François Ozon, un long métrage présenté avec succès lors du festival de Venise, une présenttion à laquelle il n'a pas assisté.