Son installation à Néchin en Belgique avait suscité une vaste polémique et un vif échange avec le premier ministre Jean-Marc Ayrault . Depuis, Gérard Depardieu a obtenu un passeport russe, est devenu citoyen de Mordovie et profite comme il se doit de l'accueil qui lui est réservé au pays de Vladimir Poutine. Pour autant, c'est bien en Belgique dans l'ancien poste des douanes de Néchin que le monstre sacré du cinéma français s'est installé. Et une fois n'est pas coutume, Gérard Depardieu a accordé une interview à un média belge, Notélé.
L'homme a reçu une équipe de journalistes dans ce qui semble être sa cuisine. Jambons et oignons séchant au plafond, baguette de pain encore emballée sur la table, le décor est planté autour de Gérard Depardieu, lunettes sur la tête et blouson sans manches frappé de l'aigle bicéphale, symbole officieux de la Russie. Douze minutes d'entretien durant lesquelles la star n'élude aucun sujet et règle ses comptes avec le gouvernement de François Hollande, soutenant que ce n'est pas pour des raisons fiscales qu'il a quitté la France. "La France est triste, les gens en ont marre", explique-t-il ainsi. "C'est surtout le manque d'énergie. La France est triste et je pense que les Français en ont marre. Le manque de conviction... J'ai l'impression que ces gens (le gouvernement, ndlr) ne savent pas faire leur métier. Lui (François Hollande, ndlr), c'est la première fois, il n'a jamais eu de portefeuille de ministre. Il a eu la Corrèze, qui est en déficit...", poursuivant un argumentaire à charge. Une interview qui ne va pas plaire à François Hollande et à son gouvernement alors que le président de la république voit sa cote de popularité s'effondrer dans les sondages, du jamais vu avec seulement 31% ( sondage Ipsos/Le Point).
Gérard Deparideu a une dent contre le gouvernement de gauche et le fait clairement savoir, notamment lorsqu'il est question de fiscalité, hypothèse avancée pour expliquer son départ en Belgique. "Ce n'est pas tout à fait vrai", répond-il, avançant qu'il paie 50% d'impôts au Plat Pays. Cependant, il juge "un peu exagéré" la politique fiscale du gouvernement, qui en ces temps de crise cherche à augmenter ses recettes pour diminuer ses déficits. "Je suis français, j'aime les Français, mais j'ai un peu de peine pour eux car ils sont dans une situation délicate", poursuit-il, répétant une fois de plus que "ce n'est pas pour des raisons fiscales" qu'il a quitté la France. Les vraies raisons sont à chercher ailleurs : la proximité de l'aéroport Roissy Charles de Gaulle (plus de 200 km tout de même...), les amis qu'il a à Néchin, la qualité des produits de la boucherie locale ou encore les bistrots locaux...
Durant cet entretien réalisé ce samedi 16 mars et visible sur le site internet de Notélé, l'acteur revient une nouvelle fois sur la polémique née de son échange virulent avec Jean-Marc Ayrault, qui avait employé le terme de "minable" en apprenant son départ pour la Belgique : "Un Premier ministre ou n'importe qui doit donner l'exemple. C'est comme la ministre de la Culture (Aurélie Filippetti, ndlr). On n'a pas à critiquer quelqu'un qui paie plus de 87 % d'impôt."
Enfin, l'homme de 64 ans revient sur ses projets de cinéma aux États-Unis ou en Russie, évoque la vente de sa somptueuse demeure parisienne, l'ouverture d'un restaurant dans la région de Néchin, tout en démentant être venu faire de l'argent. "Je ne suis pas un arriviste", conclu-t-il.