Gilles Lellouche n'a jamais caché ses opinions. Sa franchise et son côté "brut" font partie de sa personnalité. Et c'est grâce à cela que l'acteur français de 43 ans parle aussi ouvertement de sa carrière pour le magazine GQ et notamment d'une période en particulier durant laquelle il s'est "vautré dans le succès".
La dernière fois que les médias ont fait la lumière sur Gilles Lellouche, c'était tout récemment, lors des César. Venu remettre le prix de la meilleure réalisation, il s'était réjoui de la présence de trois femmes dans cette catégorie. Peu de temps auparavant, il avait déjà signé dans Télérama une tribune sur le sujet du sexisme dans le cinéma. L'artiste s'était montré très impliqué dans la cause des femmes, voire carrément remonté, alors même qu'il n'avait pas fait l'unanimité dans le film Les Infidèles. En couverture de GQ magazine, séduisant, il continue sur cette lancée pour réfléchir sur son parcours.
"Je m'exprime peu dans les médias, avoir le poing tendu à la télé, c'est pas mon truc. Je ne suis pas client des donneurs de leçons, du coup je ne veux pas en devenir un. Ce n'est pas tellement des autres que je me méfie, mais de moi-même", explique Gilles Lellouche à GQ magazine. Au passage, il revient sur la manière dont a été reçu son film à sketchs, initiés avec son ami Jean Dujardin : "Nous voulions jouer avec notre image de quadragénaires virils, s'en mettre plein la gueule. Mais ça n'a pas été perçu comme ça. Beaucoup ont cru que nous voulions au contraire glorifier l'infidélité. Ils nous imaginaient coucher avec seize nanas par jour."
Mais il n'y a pas eu que Les Infidèles qui a provoqué ce malentendu sur l'image de Gilles Lellouche. Le comédien fait d'ailleurs preuve d'une certaine clairvoyance : "Notre omniprésence a pu agacer. Voir ces jeunes quadras, qui, rien qu'en claquant des doigts, montent des films, des émissions, j'imagine que c'est un peu gonflant. On ne s'est pas bien rendu compte qu'on avait du pouvoir et on a grillé toutes nos cartouches en un tir groupé. On aurait sans doute dû être un peu plus pudiques. Je le comprends avec le recul."
L'émission Le Débarquement marque aussi cette période d'excès : "C'était une émission extrêmement agréable à faire. À la fin, en rentrant dans ma loge, j'ai allumé mon portable. Il n'y avait aucun message : zéro texto. Je m'en souviendrai toute ma vie. On n'avait pas fait quelque chose de formidable, on avait été très naïfs. Le phénomène de bande n'a pas servi... C'était trop, trop facile.... Et mes films suivants se sont ramassés, avec une critique assez virulente. Je ne crois pas que le succès rende lucide. Il y a trop d'intervenants, c'est une usine à broyer, à se noyer, vous pouvez ne pas vous en remettre. (...) Il y a beaucoup de vulgarité et de manque de pudeur dans ce métier. Et je comprends que nous en prenions plein la gueule. À un moment, c'est normal qu'il y ait des claques qui se distribuent." Ainsi, il admet que les cachets frisant le million "ne sont plus vraiment cohérents avec l'époque et la souffrance dans laquelle se trouve le pays. Le décalage est un peu indécent".
Lui qui admet s'être "sans doute vautré allègrement dans le succès" a alors décidé de redevenir l'homme qu'il était avant. En matière de qualité de jeu, il a eu un déclic sur le tournage de Thérèse Desqueyroux de Claude Miller. Le cinéaste décédé en 2012 lui avait dit : "Moins tu en fais, meilleur tu es."
Avec le polar La French, il veut montrer qu'avec son ami Dujardin, ils ne sont pas qu'une "bande de copains débiles et cyniques qui s'amusent".
Gilles Lellouche évoque aussi un autre membre de sa bande, Guillaume Canet : "Il écrivait Mon Idole et moi Narco. Un soir, il devait être 23h, il n'y avait plus personne et on s'est croisés à la machine à café. Vidocq venait de sortir, il se faisait démonter par tout le monde et il avait le moral dans les chaussettes. On a parlé cinéma et ce café a duré quatre heures. À partir de là, on ne s'est plus jamais quitté."
C'est monsieur Marion Cotillard qui, le premier, le prend pour un rôle à contre-emploi dans Ne le dis à personne, celui d'une racaille au grand coeur pour lequel il s'est métamorphosé : "Quand j'arrive pour les essais, Guillaume ne me reconnaît pas et il me donne tout de suite le rôle. (...) En tout cas, ça m'a permis de bifurquer et de sortir de la comédie romantique un peu niaise."
Celui qui a démarré comme réalisateur de clips et de pubs – "je me suis éclaté pendant sept ou huit ans" – enchaîne aujourd'hui les projets mûrement réfléchis. À la rentrée, il tournera Le Grand Bain, son deuxième long métrage en tant que réalisateur après Narco, dans lequel il ne joue pas et qui porte sur le milieu de la natation. Sur les écrans, on le verra dans Heureux en France d'Yvan Attal puis dans la nouvelle mise en scène de Mélanie Laurent. Il apparaîtra aussi dans le prochain long métrage des Toledano et Nakache (Intouchables), ajoute GQ Magazine. Mais avant cela, il sera à l'affiche du beau film de Fabienne Berthaud, Sky, au côté de Diane Kruger (en salles le 6 avril).