Véritable triomphe au box-office où les recettes pointent à 529 millions de dollars, Gravity n'en finit plus de fasciner et de faire couler de l'encre. La Warner, qui ne cache pas ses envies de statuettes en mars prochain, a mis en ligne un court métrage intitulé Aningaaq. Le film, écrit et réalisé par Jonás Cuarón (fils d'Alfonso, le réalisateur de Gravity), avait été dévoilé à Venise en août dernier, alors que Gravity y était projeté en avant-première mondiale devant le casting au complet.
Résultat : 7 minutes de vidéo, tournées au Groenland pour un budget de 100 000 dollars (suffisant pour financer le voyage dans l'Arctique des 10 membres de l'équipe), qui raconte ce qu'il se passe sur Terre au moment où Sandra Bullock, prisonnière de l'espace et enfermée dans une vieille capsule soviétique avec peu d'oxygène, tente un ultime contact avec la Terre. Sa fréquence croise alors celle d'un pêcheur inuit, Aningaaq. Mais les deux êtres ne se comprennent pas, si ce n'est pas l'intermédiaire de sons communs, tels que des aboiements ou une berceuse pour calmer un bébé en pleurs. Dans le film Gravity, désespérée, frigorifiée et à bout de souffle, Sandra Bullock, pensant sa fin proche, se laisse bercer par ces sons qui lui rappellent la Terre et perd connaissance.
Pour ce court métrage réalisé par le fils d'Alfonso Cuarón (Jonás a également épaulé son père sur le scénario de Gravity), tout se passe du point de vue terrestre. L'effet reste néanmoins le même. Cuarón, père et fils, racontent l'extrême solitude et l'impossible communication entre deux êtres. Le huis clos spatial devient un huis clos dans les glaces du pôle Nord. Calé sur le mixage sonore de Gravity, Jonás Cuarón filme cet Inuit qui ne comprend pas le docteur Ryan Stone mais engage avec elle une conversation, la nommant "Mayday". On apprend que les aboiements sont ceux de la chienne malade de ce pêcheur qui n'a d'autre choix que de la sacrifier (comme Stone n'a d'autre choix que celui de se laisser mourir). "Je ne peux pas lui dire adieu, je l'aime trop", confie-t-il à une Sandra Bullock. Celle-ci, qui ne comprend pas un traître mot de ce qu'il lui dit, tient pourtant le même discours et – Gravity se transformant alors en une métaphore de la renaissance – dans un élan de survie, elle se remet en selle. À l'écran, au chien malade succède l'enfant en larmes, auquel l'Inuit chante une comptine...
Prévu pour intégrer le continu exclusif de la version blu-ray de Gravity, le court métrage de Jonás Cuarón entre désormais dans la course aux Oscars, avec une nomination espérée à l'Oscar du meilleur court métrage. La Warner pourrait ainsi espérer un doublé historique, avec l'Oscar du meilleur film.