C'est un survivant, un homme qui a lutté une année entière contre le cancer de la mâchoire, qui était l'invité de Sonia Devillers sur France Inter ce 8 novembre 2022. Guillaume Durand (70 ans) est venu parler de son dernier livre, Déjeunons sur l'herbe (éditions Bouquins), qui a reçu le prix Renaudot. Passionné d'art comme son père, le regretté galériste Lucien Durand, il s'est plongé et plonge le public dans cette oeuvre de Manet qui fût si controversée. Sans tabou, il aborde aussi la maladie qu'il a affrontée et qui n'a pas disparu de sa vie, loin de là.
Quand la journaliste lui lance "vous avez du panache dans la guérison", Guillaume Durand rétorque sans attendre : "D'abord, je ne suis pas guéri, on n'en sait rien du tout, c'est très aléatoire mais je vais bien. J'ai appris à vivre avec ça." Un mal qui traverse son livre, comme l'indique Sonia Devillers, une phrase que son invité commente avec passion et sincérité : "Je ressentais non pas le talent de Manet, puisque je ne l'ai pas, mais le fait de vivre la mort aux trousses. Il faut prendre la peur de la mort par la main, la dominer et continuer à avancer."
J'ai été sauvé par un chirurgien facial
Au micro, la star de télévision explique pourquoi il a décidé de parler aussi ouvertement de son cancer, un mot qu'il ne rend pas tabou : "Si j'en parle, ce n'est pas par une espèce d'expressionnisme spectaculaire de soi-même, qui serait peu fréquentable, mais c'est aussi parce que j'ai vécu dans des services où les gens souffrent énormément. Je pense qu'il faut en parler. C'est aussi important que le social et la politique, les hôpitaux, les cliniques... (...) J'ai été sauvé par un chirurgien facial, je lui dois tout, autrement je ne serais pas là. Puisque je n'avais mal nulle part. J'avais mal aux dents, mais du domaine d'un doliprane. J'étais simplement un peu fatigué. C'était insoupçonnable. Et je ressentais ça aussi pour Manet." Parce que le corps du peintre de génie était dévoré par la syphillis, précise alors la journaliste de France Inter.
Une demi-momie
Dans Le Journal du dimanche, Guillaume Durand avait décrit avec des mots très forts son état de santé, se décrivant comme une "demi-momie" qui a perdu 12 kilos. Il avait expliqué avoir lutté pendant une année entière avant de finalement aller mieux, écoutant la radio, lui qui y a si longtemps travaillé. Une épreuve qu'il n'oubliera jamais, notamment parce que sa voix a changé depuis sa délicate opération, comme il l'avait raconté en janvier dernier au Parisien et au Point. Si sa santé reste sous surveillance, il peut continuer à partager du temps avec ses proches, ses cinq enfants en premier lieu, Juliette, 43 ans, Arthur, 41 ans, Donald, 37 ans, puis Joseph, 24 ans et Angélique, 14 ans issus d'un second mariage.