Jamel Debbouze a présenté le mardi 3 mai, lors d'une conférence de presse, le festival du rire qu'il organise dans la cité de Marrakech, du 8 au 12 juin. Cependant, avec l'explosion meurtrière au café de l'Argana sur la place Jamaa-el-Fna le 28 avril, l'intervention de Jamel a pris une autre dimension. Plus convaincu que jamais, il ne souhaite en aucun cas annuler son festival, le "Marrakech du rire" : "Au contraire, ça nous a motivés pour continuer à soutenir l'humour, les artistes et surtout les Marocains." Jamel a précisé être dans la ville marocaine le jour où elle a été frappée par la tragédie.
D'origine marocaine et particulièrement attaché à ce pays avec son épouse, la journaliste Mélissa Theuriau, Jamel Debbouze ne diminue pas l'importance de ce drame qui a fait seize morts : "J'étais sur place, j'étais à Marrakech. J'étais effondré. [...] C'est le café où je vais le plus souvent, c'est là où j'emmène tous mes amis. Mon frère y était un quart d'heure avant," a-t-il déclaré au micro d'Europe 1. "Je sais quels peuvent être les dommages collatéraux, les conséquences directes de ces actes horribles. [...] Malheureusement le Maroc est un pays en voie de développement. On n'a pas le gaz et le pétrole de l'Algérie. On vit grâce à l'artisanat, grâce au tourisme, et si on ne peut plus en vivre, on meurt," explique-t-il selon des propos rapportés par BFM.TV. Ne pas sanctionner les Marocains qui souffrent déjà, voilà la volonté du comique.
La philosophie de Jamel Debbouze réside en ces mots : "Français, Marocains, Américains, nous sommes tous dans le même état d'esprit face au terrorisme: on est meurtris mais on n'a pas d'autre alternative que de continuer à vivre." Le célèbre humoriste a mis l'accent sur le rôle que peuvent jouer les artistes et ne craint pas de faire de l'humour sur le sujet du terrorisme, comme il l'a déjà fait par le passé.
Au fil de ses déclarations, le politisé Jamel Debbouze évoque également les révolutions dans le monde arabe : "De toutes les révolutions naissent de belles choses. Cela montre que les Arabes ont une conscience politique vive et que celle-ci va finir par faire son trou." La présidentielle 2012 s'est aussi immiscée dans son discours :"Je n'ai pas encore fait mon choix. J'attends que Dominique Strauss-Kahn sorte de sa cachette. Une fois qu'il aura parlé, je prendrai ma décision. Pour l'instant je dois avouer que j'ai un petit faible pour Martine [Aubry]," a-t-il annoncé pour BFM.
L'actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, était présent au pavillon d'honneur de l'aéroport d'Orly où les corps ont été rapatriés du Maroc le 3 mai, pour rendre hommage aux victimes. Il a déclaré que "la France ne laissera pas ce crime impuni" et "qu'elle n'oubliera rien, dans la justice aussi" et a promis que les terroristes "n'auront aucun répit, nulle part, jamais".