France 2 diffusait lundi soir un numéro exceptionnel de Complément d'enquête, le magazine de Benoît Duquesne. Consacrée aux addictions, l'émission accueillait un témoin très attendu. Jean-Luc Delarue donnait là sa première interview télévisée depuis "les événements de septembre" : son arrestation, son éviction de l'antenne, son départ en cure et sa mise en examen.
Brouillon
Après un reportage sur l'addiction aux médicaments, Benoît Duquesne est reçu dans les locaux de Réservoir Prod, la société de Delarue. Duquesne revient sur les faits, tente de comprendre ce qui a pu déclencher cette spirale dans laquelle s'est réfugié l'ancien animateur de Toute une histoire. En face, le maître des lieux, brouillon, se souvient d'un "nez cassé" à l'âge de deux ans et visiblement d'un traumatisme, du divorce de ses parents (il était alors âgé de 6 ans), de l'impression de vivre sa scolarité en spectateur et la découverte de l'alcool très tôt. Alcool qui l'a conduit à d'autres substances.
Jean-Luc Delarue évoque sans le citer les propos de Thierry Ardisson, qui soulignait qu'il était devenu comme l'invité de l'une de ses émissions. Delarue confirme : "C'est vrai et je me suis toujours senti proche des mes invités."
Comme il l'expliquait dans Gala, quelques jours après sa garde à vue, c'est l'écriture d'un livre sur sa vie qui l'a replongé dans la cocaïne. Pas sûr que nous en voyions un jour la moindre ligne : "J'ai pondu 600 pages, je ne suis pas prêt de les relire."
Son premier contact avec la cocaïne est improbable : "La première fois, j'avais 20 ans, j'étais en deuxième année d'IUT dans la pub. Je me vois rentrer dans le studio que je louais à mon père et sous mon paillasson j'ai trouvé un quart de gramme. Je l'ai pris tout seul." On ne saura pas d'où venait cette drogue, ni comment il a su que c'était de la cocaïne...
À d'autres moments de l'interview, il apparaît très enthousiaste, notamment quand il évoque la méthode Minnesota qu'il suit pour s'en sortir, tout en soulignant à plusieurs reprises qu'il n'en est pas l'ambassadeur puisque c'est une méthode "anonyme".
Lucide
S'il continue les groupes de parole, il ne prend plus de médicaments et il en est très fier. Cela fait presque quatre mois qu'il ne prend plus de drogue ou d'alcool. C'est à la fois une libération, mais aussi une bataille de tous les jours : "J'ai appris que ma maladie était incurable, progressive et mortelle. Le seul moyen de m'en sortir était de capituler face aux produits. Combien de fois j'ai essayé d'arrêter ? Ce n'est pas une affaire de volonté, le produit est plus fort (...) Cet été j'étais très malade. J'étais essoufflé après avoir monté un étage, moi qui suis marathonien." Lucide : "Arrêter l'alcool, les médicaments, la drogue, c'est une affaire de vie ou de mort pour moi."
Delarue explique travailler également sur l'origine de ces maux, ce qu'il appelle "défaut de caractère", comme le fait de très mal vivre la notoriété (critique, presse, etc...) et la réussite de Réservoir Prod. Finalement, ses ennuis avec la police sont salutaires, et Benoît Duquesne de lui lancer (avec une pointe d'agacement ?) : "Donc l'arrestation, c'est une bénédiction, l'entretien avec le juge, c'est merveilleux, la mise en examen, c'est bien..." Delarue répond, droit dans ses bottes : "Ça permet de faire face et de lancer les grands travaux de la cave au grenier, sur moi, sur ma vie. Je capitule, j'arrête de me débattre, je lâche tout. J'aimerais me retrouver comme quand je suis bien, en vacances ou avec mes invités."
Enthousiaste
Son programme ? C'est la tournée en camping-car des lycées de France pour partager son expérience et faire de la prévention dans les lycées. Il commence le 24 février à Quimper en Bretagne, en précisant qu'il débutera par des élèves de 2de, 1re et terminale, et des parents d'élèves. Il a également créé la Fondation Réservoir dont le site est en construction. Benoît Duquesne le soupçonne pendant l'interview d'avoir également produit le nouveau spot de prévention des Narcotiques anonymes ; Jean-Luc Delarue nie avec un sourire.
Malgré sa mise en examen pour "acquisition et détention de stupéfiants", Jean-Luc Delarue reste positif : "Je suis un meilleur fiancé, un meilleur collaborateur (ils me disent que c'est miraculeux), et je me dis que je suis un meilleur père."
Entre évocations brouillonnes de son enfance, lucidité évidente, et enthousiasme (un chouïa frénétique) dans sa volonté de partager, cette interview est sans doute assez fidèle au Jean-Luc Delarue d'aujourd'hui : un homme en pleins travaux.
Vous pouvez la découvrir ou la revoir en intégralité sur le site de Réservoir Prod, en cliquant ici. Notez que les audiences ont excellentes : le magazine de Benoît Duquesne a réuni en moyenne, dès 22h20, environ 2,2 millions de télespectateurs. La part d'audience a atteint 17,3%, une excellente performance.
A.E.D.