Elle fait partie des personnalités préférées des Français depuis des dizaines d'années. Pourtant, Jeannie Longo n'a pas été épargnée ces derniers mois. Blanchie dans une affaire de dopage, privée de Jeux olympiques à Londres, la cycliste reconnaissait même avoir eu des idées noires récemment. Mais si la sportive est toujours là, c'est grâce à son mari, Patrice Ciprelli, comme elle le confie dans Gala.
"Toute seule, sans Patrice, je n'y serais pas arrivée, confie-t-elle au côté de son homme depuis sa Savoie natale. Il est bien plus tenace que moi. Seule, on peut difficilement lutter contre la jalousie des autres." Cette jalousie, Jeannie Longo l'a ressentie lorsqu'elle a échoué à se qualifier pour les JO de Londres. La jubilation des membres de la Fédé et de ses concurrentes en disaient long sur l'état d'esprit qui régnait au sein de l'équipe France. "C'est la réussite, quand elle dure trop longtemps, et le fait que je n'étais pas dans le moule, qui ont déplu. J'étais timide et discrète, a-t-on pris ça pour de la prétention...", poursuit Jeannie Longo, amère.
Mais malgré tout, la multiple championne de France (59 titres nationaux à son palmarès) continue de vivre au plus près sa passion du cyclisme, encourageant les minimes au vélodrome de Genève, certaines d'entre elles venant se faire prendre en photo avec la légende tricolore et lui demander des conseils. "Mais dès qu'elles ont un niveau national, qu'elles portent un maillot, elles deviennent pénibles. Pas respectueuses de ce que j'ai été", tempère-t-elle encore. Et dans le peloton, c'est pareil. La réussite insolente de la championne a créé beaucoup de ressentiments parmi les filles, incapables de se hisser à sa hauteur et de l'égaler dans ses résultats alors qu'elles affichent trente ans d'écart au compteur. "Là où ça me fait de la peine, c'est que ce sont des filles que j'ai connues cadettes ou juniors dans la région. Je les ai conseillées", confie une Jeannie Longo désabusée.
Et la championne de 54 ans doit en plus de cela faire avec la mise en examen de Patrice Ciprelli pour une sombre affaire d'EPO, qui l'empêche d'être au côté de sa compagne durant ses courses, alors même qu'il est son entraîneur attitré. "Mais ensemble, nous sommes soudés, solidaires. On n'est pas aigris, nous avons mûri", poursuit-elle. Les épreuves de cette terrible année 2011, et notamment de l'automne où elle a perdu son père, n'ont fait que rapprocher le couple, quand bien même Jeannie Longo reconnaît que leur "relation est conflictuelle depuis toujours et en osmose tout le temps, comme tout vieux couple".
Depuis trente-cinq ans, le couple partage un amour réciproque, même si Patrice Ciprelli concède qu'ils ont été un temps séparés avant de se retrouver, hasard ou coïncidence, lorsque les attaques ont débuté. Lui a quitté son métier d'entraîneur de ski pour Jeannie Longo. Ses jours de congés lui étaient consacrés. Les deux savourent les plaisirs de la montagne et les longs moments passés à échanger. "Jeannie est altruiste. Elle aidera n'importe qui sans rien attendre en retour", confie Patrice Ciprelli, qui pour regonfler le moral de sa compagne l'emmène sur des petites courses où elle peut rencontre "des gens sympas". "Sans amour, on ne peut rien faire. J'aime l'accueil chaleureux du public", confie la Savoyarde.
Une chaleur humaine qui pallie un peu l'absence d'enfants. "C'est le bon Dieu qui l'a décidé pour moi. C'est sûrement de ma faute", évoque-t-elle en avançant ses années d'efforts, sa "masse maigre très basse", le corps qui fatigue et les règles qui s'arrêtent. Le 31 octobre prochain, Jeannie Longo célébrera ses 55 ans. L'occasion de faire un bilan ? "On est heureux quand on est jeune. Je n'ai pas d'enfants, j'ai perdu mes parents et mes illusions. Mais ne vous méprenez pas. Je suis ne pas malheureuse. Je suis aimée des gens."
Et surtout de Patrice. Et c'est bien là l'essentiel.