2015 aura beaucoup rimé avec féminisme. Souvent utilisée à tort et à travers, l'étiquette aura été adossée à de nombreuses personnalités. Si bien que, telle une mode ou un sujet chaud inévitable, on questionne toutes les actrices qui passent sur l'idée qu'elles se font du féminisme - et surtout si elles le sont. Nous vous proposons un petit tour d'horizon des actrices que l'on dit "féministes" et qui ont, en ce sens, marqué l'année.
"Aucun pays dans le monde ne peut aujourd'hui se prévaloir d'être parvenu à instaurer l'égalité entre les hommes et les femmes." En lâchant ces mots lors d'un discours à l'ONU en septembre 2014, Emma Watson a frappé les esprits et, consciemment ou non, remis au goût du jour une idée du féminisme et un débat qui, jusqu'ici, n'avait pas suscité autant de discussions. Pas étonnant alors que l'ONG Ms. Foundation for Women ait élu Emma Watson féministe de l'année 2014. La star d'Harry Potter ouvrait la voix...
De la même génération, il faudra attendre Jennifer Lawrence pour offrir une vive piqure de rappel. Moins sage que sa consoeur, la star d'Hunger Games n'hésite pas à mettre des mots on ne peut plus familiers sur son vécu. Dans une lettre, elle explique avoir découvert être "moins payée que tous ces chanceux qui ont un pénis". S'interrogeant sur ce constat, elle en est venue à la conclusion que le problème ne venait pas nécessairement des hommes, mais plutôt d'elle, qui avait laissait faire. Sans blâmer ses confrères, elle invite les autres femmes à réagir et à changer la donne.
Son discours fait écho à celui de Patricia Arquette. Lors de la cérémonie des Oscars, primée pour sa prestation dans Boyhood, la comédienne de 47 ans pousse un coup de gueule retentissant qui marque la soirée. "Il est temps pour les femmes d'obtenir l'égalité des salaires une bonne fois pour toutes et que l'on ait les mêmes droits [que les hommes]", clame-t-elle, vivement applaudie par l'audience, notamment par Meryl Streep.
Plus que jamais sous le feu des projecteurs, le débat a mis en lumière une évolution lente mais certaine des mentalités à Hollywood. À l'instar de Charlize Theron, dont le personnage de Furiosa dans Mad Max Fury Road a marqué les esprits, certaines actrices tirent leurs épingles du jeu et prouvent que l'on peut encore avoir des rôles forts sans devoir courber l'échine. Emily Blunt, au coeur d'une production très masculine dans Sicario, Sandra Bullock qui remplace un homme dans Our Brand Is Crisis... les exemples abondent et prouvent qu'il y a une volonté de changement.
Quand les filles deviennent héroïnes, elles sont directement attachées à un mouvement de renouveau. Anna Kendrick avec Pitch Perfect ou bien Amy Schumer avec Crazy Amy ont pu le constater. Les jeunes stars de demain n'hésitent d'ailleurs pas en jouer, s'érigeant en modèles et voix pour l'avenir. Lena Dunham dans la petite lucarne, Taylor Swift sur la scène musicale... Et que dire de Ellen Page - qui assume sa sexualité et a le cran de le faire pour libérer des paroles - ou bien de Kate Winslet, qui militent depuis des années pour l'image de la femme dans le monde et voient enfin leur voix trouver un écho ?
À l'instar de l'auteure Roxane Gay qui publiait une tribune très discutée dans The Guardian, la cause féministe s'est enveloppée d'une forme de "marketing". Etre féministe, c'est hype et ça pourrait aider au succès. Des voix discordantes s'élèvent pour mieux définir une femme moderne, à l'image de Sarah Jessica Parker, Demi Moore, Madonna ou Susan Sarandon, qui se déclarent volontiers "humanistes, mais pas féministes". En France, on trouve Marion Cotillard - vivement critiquée pour avoir affirmé ne pas être féministe - ou Audrey Dana, qui clamait, "moi, les cases, ça m'emmerde", à notre micro. "Je ne suis pas plus pour les femmes que pour la planète ou contre l'industrie agro-alimentaire ou les ravages des téléphones portables", nous avouait-elle, dénonçant au passage le fait que les femmes "se font 'basher' en France" et que "c'est d'une misogynie sans nom", pointant du doigt les cas Mélanie Laurent, Marion Cotillard ou Léa Seydoux, trop souvent la cible de critiques parce qu'elles ont du succès et que cela dérange.