
“Il n'y a que comme ça que j'arrive à exister, dans les extrêmes”, expliquait, en octobre 2022, sur le plateau de C à vous sur France 5, Jérémy Ferrari. L’humoriste venait de raconter à l’animatrice Anne-Elisabeth Lemoine que, à cause de son alcoolisme passé, il avait fait une tentative de suicide quelques années auparavant. Mais que, aujourd’hui, il allait mieux. "Au moins, maintenant, j'ai un système extrême qui est un petit plus viable sur le long terme que d'être bourré à 4h du matin après avoir bu six litres de rosé. C'est un peu plus viable."
Cette descente aux enfers de l’alcool, le natif des Ardennes l’avait détaillée deux ans avant dans L'Équipe Mag : “J'avais l'habitude de boire trop. Je supportais bien l'alcool et je ne connaissais pas la gueule de bois. Vers 29 ans, alors que ma carrière était lancée, j'ai augmenté les doses progressivement et j'ai fini par boire dès le réveil et toute la journée, se souvenait Jérémy Ferrari. Le soir, je me couchais en ayant vidé six bouteilles de rosé pendant la journée. J'ai perdu les pédales pendant trois semaines. Une situation rendue explosive avec ma prise de médicaments. Jusqu'à ma tentative de suicide, en 2016, quand j'ai grimpé sur le rebord de la fenêtre de ma chambre d'hôtel, perchée à 15 m de hauteur. Mon meilleur ami est arrivé et j'ai fini par rentrer en catastrophe en l'implorant de m'enfermer dans un hôpital. La cure de désintoxication était inévitable.”
Cette cure de désintoxication accomplie, l’ami du regretté Guillaume Bats s’est livré corps et âme à une autre addiction, beaucoup plus saine celle-là : la bigorexie. Selon le Petit Larousse, elle se manifeste “par un besoin irrépressible de pratiquer intensivement une activité sportive (pour développer sa masse musculaire, notamment), malgré le risque de blessure ou d’épuisement et, parfois même, aux dépens de sa vie professionnelle et familiale”. En couple mais sans enfant, l’ami de Baptiste Lecaplain et Arnaud Tsamère – qui partagent actuellement avec lui l’affiche de La tournée du trio dans les Zéniths de France – peut se consacrer à sa passion du sport.


"J'en fait entre 1h30 et 3h par jour, révélait-il dans C à vous. Ça dépend. Comme j'ai un spectacle qui dure longtemps, quand je joue le soir je fais généralement 1h30 de sport le matin." Jérémy Ferrari se lève tous les jours à 5 heures du matin pour aller courir. Des sorties sportives qu’il filme et poste régulièrement sur ses réseaux sociaux. " Depuis que j'ai arrêté l'alcool, il a fallu compenser aussi.” Cet homme athlétique compense également par le travail car il a arrêté de fumer, de manger du sucre et de la viande.
Doté d’un gabarit de 1,75 mètre pour 75 kilos, il s’adonne au jujitsu, un art martial. Il a notamment travaillé avec le coach Vincent Parisi, champion du monde 2012 de la discipline. “J'étais déjà un passionné d'arts martiaux depuis que j'étais tout petit, rembobine Jérémy Ferrari. J'ai commencé à 6 ans. D'abord le kung-fu, ensuite le judo car mon père était ceinture noire. À 15 ans, c'est le ju-jitsu, plus complet, qui m'a passionné : j'adorais le mélange pieds-poings et sol. Quand je suis arrivé à Paris pour devenir comédien, j'ai continué de le pratiquer. Je progressais, et puis mes spectacles ont commencé à marcher. Alors, j'ai fait une croix sur les compétitions pour me concentrer sur ma carrière.”

Cette addiction est aussi bonne pour son métier car Jérémy écrit des spectacles qui lui ressemblent : très physiques. “Pendant le show, je cours, je saute, je braille... On a calculé que je dépense parfois 2 000 calories pendant une représentation. Mes entraînements m'aident à tenir. Avec mon profil psychiatrique compliqué, ils sont aussi essentiels à mon équilibre. Tout comme mes autres piliers : un entourage sain, une hygiène de vie irréprochable et un suivi thérapeutique. Si j'en enlève un, ça ne va pas. Jeune adulte, ces bases n'étaient pas aussi solides et j'étais très instable émotionnellement. Sans le sport, j'aurais sombré dans l'alcool plus tôt.”
Aujourd’hui, Jérémy se félicite de cet équilibre retrouvé après des années d’errance. “Ces pathologies me procuraient des pulsions, des colères, des paranoïas... Cela m'a fait briser des couples ou me séparer d'amis, a-t-il regretté dans L'Équipe Mag . J'étais malheureux en permanence. Et le succès amplifiait tout car je m'apercevais que la reconnaissance, que j'avais toujours recherchée, ne calmait rien. Sur scène, j'étais heureux et, quand je sortais, c'était insupportable. L'alcool ne m'a jamais aidé à écrire des vannes. D'ailleurs, je ne crois pas les artistes qui disent que ça aide à créer. C'est une trop bonne excuse pour plonger.” Il n’est pas pourtant pas naïf au point de croire que ce combat est gagné : “J'ai moins de sautes d'humeur et je cache mieux mes colères. Mais, c'est un travail de tous les jours.”