Juliette Binoche : Après le sacre de Cannes, retour sur la carrière d'une actrice aussi internationale que passionnante !

"Quelle joie !", s'exclamait avec grâce Juliette Binoche lors de la cérémonie de clôture du 63e festival de Cannes le 23 mai, en recevant son prix d'interprétation pour Copie Conforme d'Abbas Kiarostami. L'actrice française, âgée de 46 ans, détentrice d'un César et d'un Oscar obtient sa première récompense cannoise. Cette consécration est l'occasion parfaite pour revenir sur la carrière de cette comédienne à l'allure lumineuse et envoûtante.

Son père est marionnettiste, metteur en scène et sculpteur, sa mère, franco-polonaise est institutrice et comédienne. Grâce à eux, elle baigne dans les arts depuis le plus jeune âge et s'essaie au théâtre. Le cinéma l'appelle et en 1985, présentée par Jean-Pierre Mocky à Jean-Luc Godard, elle tourne dans Je vous salue Marie. L'année d'après, elle joue dans Mauvais Sang de Léo Carax et si elle est la maîtresse de Michel Piccoli dans la fiction, elle devient en réalité la compagne du cinéaste. Le film passionnel que Carax tournera avec Binoche, Les Amants du Pont-Neuf, aura toutefois raison de leur couple. Le tournage multiplie les difficultés et Carax est très dur avec son actrice principale. A l'écran, le résultat est bouleversant, mais pour les acteurs, l'expérience est plus que violente.

Le monde entier ne résiste pas au talent de Juliette Binoche qui donne la réplique à Daniel Day-Lewis dans L'Insoutenable Légereté de l'être en 1987 et à Jeremy Irons dans Fatale de Louis Malle en 1992. Dans ce long métrage, elle expose sans tabou sa passion en incarnant la maîtresse du père de son compagnon. Les Américains sont conquis et en 1997, elle reçoit l'Oscar pour un second rôle dans Le Patient Anglais d'Anthony Minghella. Elle incarne l'infirmière qui prend soin d'un grand brûlé (Ralph Fiennes), hanté par les fantômes de la guerre. En 2000, elle est de nouveau nommée pour un Oscar pour Le Chocolat avec Johnny Depp mais le prix lui échappe. Actuellement, elle tourne dans le polar Son of No One avec Al Pacino et Ray Liotta.

Son succès à l'étranger n'empêche pas Juliette Binoche de briller en France et d'interpréter des personnages magnifiques. Elle est récompensée d'un César pour Trois couleurs : bleu de Krzysztof Kieslowski en 1993. Dans Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau, elle est d'un romantisme cavalier et dans Les Enfants du siècle, elle entre dans la peau de l'immense George Sand. Pour Michael Haneke, elle plonge dans un univers où le malaise est latent avec Caché (2005). A l'aise dans le drame, elle se plaît dans les comédies comme Décalage Horaire face à Jean Reno.

Lors de sa remise de prix à Cannes, Juliette Binoche remercie "les hommes qui l'ont aimée". Sans citer leur nom, on peut imaginer qu'elle évoquait, entre autres, André Hallé, le père de son fils Raphaël, âgé de 17 ans, mais aussi Benoît Magimel avec qui elle a tourné dans Les Enfants du siècle et père de sa fille, Hannah, 10 ans.

Audacieuse, Juliette fait la couverture de Playboy, déclarant qu'elle a eu "envie d'avoir le courage d'interpréter" son corps. Elle l'explore aussi en dansant pour le chorégraphe Akram Khan dans le spectacle In-i, malheureusement marqué par l'accident du danseur. L'actrice aime s'épanouir dans différents genres d'art, ce qui a provoqué un sketch aux César en 2010 qui ne lui a pas fait plaisir, mais elle est également une femme engagée. Son soutien a été sans faille lors du festival de Cannes pour demander la libération du cinéaste iranien Jafar Panahi.


Une filmographie passionnante, une vie fascinante, à retrouver en images ci-dessus.