Les époux Chirac ont tous les deux rejoint leur domicile après leur hospitalisation. Bernadette a souffert d'un "coup de fatigue", tandis que son mari, Jacques, se remet d'une "infection pulmonaire". Dimanche 16 octobre 2016, France 2 leur a consacré toute une soirée avec la diffusion de deux documentaires : Jacques Chirac, l'homme qui ne voulait pas être président, dans le cadre de l'émission de Laurent Delahousse, puis Bernadette Chirac, mémoires d'une femme libre. Dans ces deux films est évoqué le destin tragique de leur fille aînée Laurence, morte le 14 avril dernier d'un malaise cardiaque, à 58 ans, après une vie de souffrance. Selon sa mère, elle est partie "au moment où elle voulait vivre".
Laurence Chirac est tombée malade à l'âge de 15 ans. Après cette méningite, elle développe une anorexie mentale qui la poussera à faire plusieurs tentatives de suicide. Dans le premier documentaire, biographes et amis de Jacques Chirac parlent "d'un crève-coeur pour lui qui ne voulait pas manifester son émotion à l'extérieur". Dans ses mémoires, l'ancien président s'interroge : a-t-il été assez présent pour sa fille ? Sa fille Claude, qui fut longtemps sa chargée de communication, raconte : "C'était un père très absent. On ne le voyait jamais ou pratiquement jamais. (...) Quand on partait en vacances, on partait la plupart du temps seules avec notre mère."
Jacques et Bernadette Chirac ont tout essayé pour aider leur fille aînée, c'est ce que raconte en détail l'épouse de l'ancien chef d'État dans le documentaire qui lui est dédié et a été diffusé en seconde partie de soirée. Ne trouvant d'aide nulle part en France comme à l'étranger, Bernadette Chirac aura l'idée de créer une structure pour les adolescents en souffrance. Financée par l'opération Pièces jaunes qu'elle parraine, la Maison de Solenn voit le jour le 17 novembre 2004 au sein de l'hôpital Cochin de Paris. Elle porte le nom de la fille du journaliste et écrivain Patrick Poivre d'Arvor qui souffrait d'anorexie et s'était donné la mort neuf ans plus tôt.
C'est le symbole de tout ce qu'elle a souffert pendant des années, à essayer de remonter la pente et puis, finalement, voilà
Dans le documentaire, une très belle séquence nous montre Bernadette Chirac qui visite l'hôpital de jour et une salle où sont accueillis les adolescents en détresse. Au fond de la pièce trône une armoire en bois avec un coeur gravé sur sa porte. La clé est cachée, de peur qu'elle disparaisse. Elle appartenait à Laurence. "Est-ce qu'ils savent que c'était l'armoire de Laurence ?, s'interroge Bernadette Chirac. Ma pauvre Laurence avait ses cours de médecine là-dedans. C'est ici, c'est très bien. C'est le symbole de tout ce qu'elle a souffert pendant des années, à essayer de remonter la pente et puis, finalement, voilà. Au moment où elle voulait vivre, elle est partie. C'est comme ça. (...) Elle aimait beaucoup cette armoire."
Au printemps, Jacques Chirac et Bernadette ont dit adieu à leur fille aînée lors d'une cérémonie en la basilique Sainte-Clotilde, dans le 7e arrondissement de Paris. L'église où le couple s'était marié. Bien avant son infection pulmonaire, l'ancien président était déjà très affaibli et s'était déplacé en fauteuil roulant lors des obsèques. Cet été, il a visité en toute discrétion le musée du quai Branly qui porte désormais son nom. Depuis qu'il a quitté l'hôpital, la semaine dernière, il poursuit chez lui sa convalescence.