Des projets plein la tête, mais le regard toujours tourné vers le passé. Lola Dewaere, qui interprète un commandant de police dans la série Astrid et Raphaëlle sur France 2, ne peut s'empêcher de se comparer à son personnage. Et c'est justement dans l'ambivalence de la fiction qu'elle s'est reconnue, elle qui se décrit comme foncièrement paradoxale. "Fonceuse et frileuse, forte et fragile, se décrit-elle dans les colonnes de Paris Match. J'ai l'air solide, robuste, carrée, parce que je mesure 1,75 mètre. Mais je suis une dépressive à temps partiel. Ma joie de vivre masque toutes mes névroses. Je ne veux pas montrer mon côté sombre, j'aspire à être lumineuse."
Il faut dire que la vie ne l'a pas épargnée. Alors qu'elle était âgée de 2 ans, son père Patrick Dewaere – connu du grand public pour sa soixantaine de rôles au cinéma et au théâtre, dont son iconique interprétation dans Les Valseuses en 1974 – s'est donné la mort. La suite n'a pas été beaucoup plus facile à gérer pour elle. "J'ai vécu une histoire assez lourde, se souvient-elle. Je suis arrivée dans le village de mes grands-parents maternels, qui m'ont élevée pendant dix ans. Toutes mes copines avaient des parents. Moi, mon père s'était suicidé et ma mère était partie, je ne la voyais que pendant les vacances. Vers 8 ans, j'ai commencé à avoir des problèmes de boulimie et de poids. Les enfants sont cruels entre eux."
Ayant grandi loin de sa maman – Élisabeth Malvina Chalier –, Lola Dewaere reste marquée par cette époque, par cette sensation de ne pas avoir été assez aimée pour que son père ait l'envie de vivre. Elle n'oublie pas, elle vit avec. Plutôt que de se lamenter sur son sort, elle puise désormais l'inspiration dans son vécu. Prochainement, la comédienne de 40 ans tournera dans Mince alors, la rechute, la suite du film qui l'a révélée en 2012, et elle s'attelle à écrire un one-woman show centré sur son métier et sur l'héritage culturel que lui a laissé son père. Un nouveau chapitre s'ouvre à elle...
Retrouve l'interview intégrale de Lola Dewaere dans le magazine Paris Match n° 3700 du 2 avril 2020.