Le 14 mai 2011, le rassemblement rituel des légitimistes et des orléanistes rue de la Ferronnerie, à Paris, sur les lieux de l'assassinat du roi Henri IV le 14 mai 1610 par le fanatique catholique François Ravaillac, aura une saveur particulière.
Car le prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, venu l'an dernier sans son épouse María Margarita Vargas Santaella sur le point d'accoucher de jumeaux (effectivement nés 14 jours après) célébrer ce quadricentenaire au cours duquel Jean de France présenta son jeune fils Gaston à l'ensemble de la famille royaliste unie le temps de l'événement, aura rapporté... la tête de Henri IV.
Une relique à faire tourner les têtes
Retrouvé chez un couple de retraités des siècles après sa disparition, le crâne-relique a été authentifié par un collège d'experts, et ses derniers propriétaires en date ont choisi d'en faire don au chef de la maison de Bourbon : le prétendant légitimiste à la Couronne de France a signifié jeudi, lors d'une conférence de presse avec la participation de plusieurs des intervenants du dossier, son intention de restituer la tête de son aïeul, qui fut le premier souverain de la branche de Bourbon, à la nécropole de la basilique des rois de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où Henri IV fut enterré le 1er juillet 1610, et où une messe commémorative a lieu chaque année après le rassemblement rue de la Ferronnerie.
La tête avait été séparée du corps sous le régime de la Terreur, en 1793, lors de la profanation de la nécropole, qui avait vu de nombreuses reliques disséminées (bien d'autres demeurent à authentifier), et avait attendu le XIXe siècle pour ressurgir, dans la collection privée d'un comte allemand. Vendue pour trois francs en 1919, la relique a fini par atterrir chez les retraités.
"Une enquête médico-légale à part entière..."
C'est une enquête scrupuleuse qui a nécessité pas moins de six mois et mis à contribution scientifiques et historiens qui a permis de parvenir à la conclusion de l'authenticité de la relique. Autour du prince Louis de Bourbon, heureux père de deux jumeaux, Louis et Alphonse, qu'il était fier de baptiser début septembre après les avoir présentés en toute intimité dans les pages du magazine Hola!, se trouvait notamment le professeur Philippe Charlier, médecin légiste à Garches (connu pour avoir révélé l'empoisonnement au mercure d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII, et démontré que les restes conservés au château de Chinon n'étaient pas ceux de Jeanne d'Arc) qui a dirigé une équipe de 20 spécialistes français, danois, italiens et américains dans ce qu'il décrit comme "une enquête médico-légale à part entière", menée "avec froideur et pragmatisme" - datation au carbone 14, observations anatomiques, consultation à Florence du protocole d'embaumement (ce qui a permis de remarquer que, contrairement aux autres rois de France, le crâne de Henri IV n'a donc pas été scié pour être remplacé par de l'étoupe, mais conservé). Enquête validée la veille (mercredi) par le British medical journal.
Les journalistes Stéphane Gabet et Pierre Belet (Galaxie Presse), à l'origine de cette prodigieuse découverte, étaient également présents pour raconter leur quête et témoigner de la façon dont ils ont retrouvé la trace de la tête momifiée chez deux retraités de la fonction publique qui la conservaient à Montmartre depuis 50 ans. Cette aventure, les deux professionnels, passionnés d'histoire, l'ont filmée, et elle fera l'objet d'une diffusion sur France 5 en février 2011.
G.J.