Maïwenn plonge sans concession dans les tourments d'un couple avec sa nouvelle réalisation, Mon roi. Un film fort qui suit le destin d'une femme amoureuse, blessée au sens propre et figuré. Ce rôle féminin puissant, elle l'a offert à son amie, elle aussi réalisatrice et coscénariste de Polisse, Emmanuelle Bercot (La Tête haute). Pour le magazine Version Femina, la fougueuse cinéaste qu'est Maïwenn parle de son casting et de son travail de mise en scène.
Le premier rôle féminin, Maïwenn l'a écrit pour Emmanuelle Bercot, qui se fond dans le personnage et a décroché le prix d'interprétation à Cannes. Elle ne se voyait pas le jouer elle-même : "Le rôle était trop lourd pour supporter de jouer et réaliser." Côté masculin, elle a, au fil de l'écriture, imaginé Vincent Cassel : "Le tournage a été génial. Vincent n'est pas toujours facile, il a peut-être les défauts de son génie, il est impatient. Mais ce qu'il faisait devant la caméra et sa générosité étaient formidables."
Face à ce tandem, la réalisatrice a misé sur un autre couple de cinéma, inattendu, formé par Louis Garrel et sa soeur, Isild Le Besco : "Louis avait refusé Polisse, alors je suis revenue à la charge et il a accepté. Ma soeur, j'en avais envie aussi. Elle m'a étonnée. Je voulais un couple auquel on ne croit pas trop au départ, mais qui se révèle finalement le plus stable." Isild, 32 ans, qui a choisi de garder son patronyme, a une belle carrière comme sa soeur. Elles ont commencé très jeunes, ont en commun des liens avec Emmanuelle Bercot (elle l'a choisie pour son premier court métrage Les Vacances puis La Puce, qui les révèle toutes les deux) et aiment mettre en scène puisqu'Isild a aussi à son actif plusieurs réalisations, parmi lesquelles Demi-Tarif et Bas-fonds.
Si Maïwenn est ravie de ses acteurs, elle a vécu un tournage moins éprouvant que celui de Polisse, où l'attitude de certains de ses comédiens l'a blessée. Elle reconnaît avoir une main de fer sur le plateau : "J'ai appris qu'il ne faut pas déléguer, il faut tout surveiller. Je ne fais confiance à personne, c'est souvent mal perçu." Sa franchise - elle n'a pas hésité à régler ses comptes avec Julie Gayet - lui permet de dire les choses tout de suite quand ça ne va pas : "On gagne du temps." Mais elle se désole que des personnes dénigrent son travail : "On prétend que je suis folle, que je martyrise, que je n'écris pas mes scénarios... Une des premières choses que Vincent Cassel m'a dites, c'est : 'En fait, tu es hyper sympa. Je ne comprends pas pourquoi tu as une réputation aussi pourrie, tu es simplement très exigeante !"
La passion et la détermination de Maïwenn pour son travail lui valent en tout cas de tourner des oeuvres puissantes, et Polisse a fait le tour du monde. Elle est depuis sollicitée aux Etats-Unis, où elle a un agent, mais reste attachée à la France : "J'ai des enfants ici [Shanna, dont le père est Luc Besson, et Diego, qu'elle a eu avec Jean-Yves le Fur], ils ont leurs études et je n'imagine pas partir six mois sans les voir. Si, un jour, je fais un film aux Etats-Unis, ce sera vraiment un coup de coeur."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le Version Femina du Journal du dimanche 11 octobre.
Mon Roi, en salles le 21 octobre 2015