Avec sa performance émouvante dans le film de Jacques Audiard, De rouille et d'os, Marion Cotillard est de nouveau dans la course pour l'Oscar de la meilleure actrice, quatre ans après avoir reçu la statuette pour La Môme. Rien d'étonnant au fait de retrouver la comédienne française au sein d'un parterre d'actrices hollwoodiennes fortement pressenties pour la récompense ultime. A l'occasion d'une table ronde organisée par The Hollywood Reporter, la star française a évoqué le souvenir de son pire tournage, sous les regards attentifs de Anne Hathaway (Les Misérables), Amy Adams (The Master), Sally Field (Lincoln), Naomi Watts (The Impossible), Rachel Weisz (Jason Bourne : L'Héritage) et Helen Hunt (The Sessions).
Un très mauvais moment que l'actrice semble avoir vécu à l'occasion du film Le Dernier Vol, de Karim Dridi dans lequel elle donne la réplique à son compagnon à ville, Guillaume Canet. L'actrice raconte s'être battue pour "un projet porté par un réalisateur qui lui avait apporté un projet dont elle était tombée amoureuse". Jusqu'ici tout va bien. Jusqu'à ce que l'actrice évoque le tournage lui-même, terrible, au milieu du désert. "J'ai passé deux mois dans le désert à vouloir le tuer", affirme-t-elle. Et d'ajouter : le réalisateur "n'avait aucune idée de ce qu'on faisait là et il ne savait pas quoi faire de son film." Sans concession, l'actrice chérie de Christopher Nolan (Inception, The Dark Knight Rises) n'hésite pas à dire qu'il "a été très mauvais".
Ledit réalisateur n'est autre que Karim Dridi, 51 ans, dont le dernier long métrage remonte à... 2009 et Le Dernier Vol. Dans ce film, Marion Cotillard incarne une aventurière pilote d'avion à la recherche de son amant anglais disparu au beau milieu du Sahara. Contrainte d'abandonner son biplan, elle y fait la rencontre de méharistes français et va se lier à Antoine (joué par Canet), soldat en froid avec sa hiérarchie dans une expédition dont elle ne reviendra pas indemne. Un film qui, s'il n'a pas laissé un souvenir impérissable dans l'esprit des spectateurs, semble avoir marqué l'actrice française. Évoquant les errements techniques du réalisateur lors d'une scène stratégique où son personnage, perdu au milieu du désert, fond en larmes et commence à raconter son histoire, elle explique : "Je me suis dit : 'Essaie d'imaginer que tu es dirigée par Michael Mann ou Rob Marshall et fais-le'." Un épisode douloureux qui lui a permis de réaliser une chose essentielle : "Si je ne crois pas en un réalisateur, si je ne l'aime pas, je serai mauvaise."
D'autant que, pour ce rôle, l'actrice obtiendra une nomination au Brutus de la pire actrice, avant de se faire devancer par Virginie Efira (Le Siffleur) pour le Gérard du désespoir féminin. A propos de cet équivalent des Razzie Awards américains, qui récompense avec humour et second degré le pire du cinéma français, Marion Cotillard, elle qui venait de triompher l'année précédente avec La Môme, avoue avec un demi-sourire : "Je le voulais vraiment. (...) J'avais même préparé un speech où je disais que sans ce réalisateur, rien n'aurait été possible." Trois ans plus tard, la vérité éclate donc au grand jour. Et malgré les moqueries que l'actrice a subies sur Internet après sa mort simulée dans The Dark Knight Rises, la sublime égérie de Dior reste une grande favorite dans la course aux récompenses qui s'ouvre ces jours-ci.