En ces temps de crise et d'exil fiscal de Gérard Depardieu, la polémique sur les acteurs trop payés bénéficie d'un terreau parfait pour s'étendre. Quand le producteur et distributeur Vincent Maraval (Wild Bunch) publie dans Le Monde un article sur le salaire mirobolant des acteurs et le système vicieux du financement des films en France, il ouvre grand la porte au débat. Plus que viser Gérard Depardieu, il mettra l'accent sur les cachets impressionnants de Dany Boon, des chiffres sur lesquels ce dernier ne manquera pas de réagir. Les professionnels n'ont d'ailleurs pas manqué de relever les raccourcis d'interprétation de Maraval. Dernière protagoniste du débat en date : Mathilde Seigner, accompagnée de son célèbre franc-parler.
En promotion pour le film Max (en salles le 23 janvier) dont elle partage la vedette avec JoeyStarr, Mathilde Seigner est interrogée par les caméras de France 3 Lorraine, la comédienne commente tout d'abord le cas Depardieu, son emménagement en Belgique et son passeport russe, en réaction à la taxation fiscale de 75% sur les plus hauts revenus : "Il a beaucoup d'argent, c'est sûr qu'il n'est pas le plus malheureux du monde et que moi, en tant qu'actrice, avec la mesure à 75%, il me reste toujours de quoi vivre. Donc c'est indécent vis-à-vis des Français qui n'ont pas un rond."
Armée de sa franchise qui lui vaut parfois des ennuis (elle se souviendra longtemps des César 2012), Mathilde Seigner ne souhaite visiblement pas cautionner l'attitude de Gérard Depardieu, sans pour autant choisir la violence, dont Philippe Torreton, très critiqué depuis, a fait preuve dans sa tribune dans Libération. Sans juger son exil fiscal, elle comprend que Gérard Depardieu puisse choquer par son comportement libre, certes, mais controversé en ces temps difficiles d'un point de vue économique.
La comédienne réagit ensuite sur la polémique des salaires, refusant toujours de s'armer de mauvaise foi : "C'est sûr, on est trop payés." Toutefois, son discours se nuance par la position des producteurs dans le débat : "Maintenant, que ce soit de la part des producteurs que ce soit reproché, ça me fait marrer car ils n'ont qu'à pas les donner. Parce qu'on ne donne pas quelque chose dans la vie qu'on reproche après."
Un entretien court qui ne lui permet pas d'argumenter, comme François Berléand a pu le faire, sans tabou, sur son salaire. Quant à Vincent Maraval, auteur de la fameuse tribune, on ne lui retirera pas la chose suivante : il s'investit, avec sa société Wild Bunch, pour un cinéma audacieux, sans star et pas forcément calibré pour la télévision, à l'image des films Maniac et Renoir sortis récemment. Cependant, le provocateur Mathieu Kassovitz ne manquera pas d'ajouter sur le site de débat NewsRing : "Vincent Maraval n'est pas content car il a perdu de l'argent avec Astérix [et Obélix au service de Sa Majesté]."