Jean-Pierre Mocky est mort jeudi 9 août 2019 à son domicile. Le réalisateur inclassable et au caractère bien trempé avait 90 ans. Deux de ses enfants, le metteur en scène et directeur du Théâtre National de Strasbourg Stanislas Nordey et la journaliste Olivia Mokiejewski, ont confirmé la triste nouvelle dans ce communiqué transmis à l'AFP : "Jean-Pierre Mocky est parti tourner son prochain film avec Bourvil, Michel Serrault, Michel Simon, Fernandel, Jacqueline Maillan, Jeanne Moreau, Jean Poiret, Francis Blanche, Charles Aznavour et tant d'autres. Le cinéaste s'est éteint dans sa 91e année à son domicile parisien, entouré de sa famille et de ses proches."
Jeudi soir sur franceinfo, Stanislas Nordey s'est exprimé plus longuement, racontant notamment que son père était récemment hospitalisé et avait reçu la visite de Gérard Depardieu : "Cela a fait énormément plaisir à mon père à la toute fin." Après cette hospitalisation, Mocky a pu rentrer chez lui, finir ses jours. Jusqu'à ce qu'il ne tombe dans un "coma profond", il parlait de ses projets de fims.
Soixante ans sans jamais s'arrêter de tourner, d'avoir des projets, quels que soient les modes et le succès du public
Ce que Stanislas Nordey veut que l'on retienne de son père, c'est d'abord son amour des acteurs et sa contribution au cinéma : "Ce qui me touche le plus dans sa disparition, en dehors d'être son fils, c'est que c'est une histoire du cinéma qui se clôt (...) Soixante ans sans jamais s'arrêter de tourner, d'avoir des projets, quels que soient les modes et le succès du public (...) Quoi qu'il arrivait, il a toujours eu cet amour pour le cinéma, et pas seulement pour son cinéma, c'était un grand cinéphile, il allait souvent voir le travail des jeunes réalisateurs." Mocky a également tourné avec tous les grands noms du cinéma français.
Le fils de Jean-Pierre Mocky le compare à Serge Gainsbourg qui se réfugiait derrière Gainsbarre : "Il avait construit l'équivalent d'un Gainsbarre. Il avait cette image du loup solitaire, alors que c'était quelqu'un de très doux, de très généreux qui aimait les autres, qui aimait la vie."
Stanislas Nordey a beaucoup travaillé avec la regrettée comédienne Valérie Lang dont il fut le compagnon pendant dix-huit ans. L'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, père de cette dernière, a été l'un des premiers à rendre hommage à Jean-Pierre Mocky dans un long communiqué dédié à sa carrière : "Ecorché vif et éruptif, il agaçait souvent, mais sa parole et ses mots avaient la justesse et la vérité des révoltés. (...) Véritable antidote au politiquement correct, Jean-Pierre Mocky était un personnage qui poussait le sens de l'absurde jusqu'à l'extrême. Il restera une référence incontestée pour tous les amoureux du 7e Art. Sa liberté de ton manquera." Ce n'est qu'en tout fin de son texte que Jack Lang se fait plus personnel : "Je pense aujourd'hui à son fils, l'homme de théâtre Stanislas Nordey qui peut compter sur tout mon soutien et mon affection."