Mort samedi 2 janvier 2016 à l'âge de 69 ans, des suites d'un cancer de la gorge et de la langue, le chanteur Michel Delpech avait émis le souhait qu'on ne l'oublie pas. D'ailleurs, jusqu'à la fin, il cherchait comment faire perdurer son héritage musical, lequel devrait se poursuivre au travers d'un album de reprises. Très ému, son ami Michel Drucker lui a rendu hommage et a confirmé le projet.
Il voulait vivre jusqu'au bout
Après avoir été au coeur d'une polémique en annonçant publiquement que Michel Delpech vivait les derniers instants de sa vie, s'attirant alors les foudres de Pauline Delpech, l'animateur Michel Drucker est aujourd'hui ému de la mort de son ami.
Interrogé par le journal Le Parisien, il a déclaré : "Il avait une voix très affaiblie. Il m'a demandé de venir, je suis passé hier après-midi où il était déjà en phase terminale, je suis resté longtemps avec lui. Cela restera un souvenir bouleversant parce qu'il était d'un courage inimaginable (...) il s'est battu. Il voulait vivre jusqu'au bout."
Et l'animateur de confirmer une information dévoilée dimanche 3 janvier au matin par RTL, sur un projet de disque (visiblement soutenu en amont par un show télé) avec des chanteurs de la nouvelle génération, à la demande de Michel Delpech. "Il voulait qu'on parle de lui, il ne voulait pas qu'on l'oublie (...) A chaque fois que je le voyais, il avait à la main un espèce de pré-conducteur de l'émission qu'il voulait qu'on fasse avec ses chansons. Il avait lui-même dressé la liste des artistes qu'il voulait voir chanter ses chansons. Il me disait toujours : 'En plus, ce sera mon dernier album et on cartonnera'." C'est avec la même émotion qu'il s'est confié à Europe 1.
Je ne connaisais rien de la vie si ce n'est chanter
Michel Delpech avait raison de vouloir que ses chansons perdurent lui qui a mis des mots en musique sur des thèmes forts et parfois peu abordés pour l'époque. Sa carrière, entamée alors qu'il avait 18 ans, a été marquée par des tubes comme Les divorcés (évoquant une nouvelle conception de la famille), Le Loir-et-Cher (sur la différence entre la ville et la campagne) ou Pour un flirt, Wight is Wight, Et Paul chantait Yesterday, Que Marianne était jolie, et, bien sûr, le poignant Quand j'étais chanteur.
"Je sortais à peine du lycée quand j'ai commencé, et je me suis retrouvé dans tous les plans du star-system. Je ne connaisais rien de la vie si ce n'est chanter, gagner de l'argent et coucher avec des filles", confiait-il sur sa vie en 2004, au Parisien. Dans les pages de France Soir, il avait ajouté : "Je collais à une image qu'on m'imposait : le prince charmant, le chanteur pour filles avec ses chemises à pois. J'avais en moi un mélange d'orgueil et d'arrogance mais aussi de pureté qui pouvait être touchant."
Toutefois, Michel Delpech a aussi connu des bas, comme une grosse dépression entamée en 1978 lorsque sa première femme Chantal Simon (mère de ses enfants Garance et Barthélémy) le quitte et s'installe en Polynésie. Le chanteur se remariera en 1992 avec Geneviève et aura un fils, Emmanuel, alors que son épouse est déjà maman de deux enfants, la comédienne Pauline Delpech et Pierre-Emmanuel.
Grand admirateur des Beatles, des Beach Boys, mais également de Neil Young et du post-punk australien Nick Cave, Michel Delpech recommence à publier des albums à la fin des années 90. Et, alors qu'il s'essaye aussi au jeu d'acteur, en 2006 il fait un tabac le disque de duos Delpech &...
Il m'arrive, quand je parle à Dieu, de rouspéter...
Ces dernières années Michel Delpech avait compris que plus jamais il ne pourrait s'exprimer en musique, victime d'un double cancer de la gorge et de la langue, dû à des années de tabac. Pourtant en 2014, après des mois de lutte, il avait annoncé, optimiste, être en rémission totale malgré des séquelles, avant de voir le cancer revenir et le clouer sur un lit d'hôpital.
Refusant de se laisser aller, l'artiste avait alors pris la plume pour écrire, publiant le livre Vivre !, deux ans après J'ai osé Dieu... où il révélait sa foi. Lors de l'apparition, du cancer, il déclarait : "Il m'arrive, quand je parle à Dieu, de rouspéter, de lui dire que cette épreuve-là n'est pas forcément raccord. J'entends alors Jésus me rappeler que chacun doit faire en fonction de ce qui lui est donné, porter sa croix et le suivre. Personnellement, et malgré tous mes efforts, je ne suis pas encore quelqu'un qui porte allègrement sa croix..."
Thomas Montet