Durement touchée par les épreuves de la vie, Nadine Trintignant a su trouver le moyen d'exorciser ses douleurs : l'écriture. La réalisatrice et romancière publie son nouveau livre intitulé Vers d'autres matins, qui raconte sa longue et belle histoire d'amour avec le cinéaste Alain Corneau, mort en août 2010 d'un cancer.
En avril 2011, six mois après la disparition de celui dont elle a partagé la vie pendant trente-sept ans, Nadine Trintignant se livre dans les pages du magazine Gala. Depuis cette interview, la mère de la regrettée Marie Trintignant était restée discrète sur cette tragédie. Son livre vient apporter un éclairage émouvant sur l'amour qu'elle portait à Alain Corneau. Toujours marquée par cette perte, elle écrit : "Ce que je vis comme une injustice, c'est le manque de la chair de ma chair : mes deux filles (Marie, morte en 2003, et Pauline, morte en 1970, NDLR) et toi. Je suis mutilée. Et comme à ceux à qui l'on a coupé une jambe, mais qui ont toujours mal à ce membre, j'ai mal à toi. À elles." Une confession poignante de la part de l'ex-femme de Jean-Louis Trintignant.
La rélisatrice revient sur les conditions de sa rencontre avec Alain Corneau. En 1971, Nadine Trintignant réalise le film Ça n'arrive qu'aux autres, dans lequel elle dirige alors son mari et où Alain Corneau est un simple assistant. Une rencontre qui la marquera à jamais. "J'étais écartelée. (...) Jean-Louis, qui sentait que je m'éloignais, en éprouvait un vrai chagrin, ce que je ressentais. (...) Il m'annonça que jamais il ne me pardonnerait", raconte-t-elle. Une menace qui fera long feu puisque des années après, il donnera sa bénédiction à Alain Corneau pour qu'il adopte officiellement les enfants de l'ex-couple, Vincent et Marie. "Pour des questions administratives, d'héritage, il les a adoptés, avec l'assentiment de leur père", disait-elle dans Gala. Un amant, un mari et un père, Alain Corneau aura été tout cela à la fois pour la joie et la peine de Nadine Trintignant.
Vers d'autres matins, Nadine Trintignant, aux éditions Fayard, 17 euros.
Thomas Montet