Rémy Pflimlin, nouveau patron de France Télévisions, a fait du ménage au sein de son groupe dès son arrivée. A peine assis sur son trône, le 23 août dernier, le successeur de Patrick de Carolis s'est notamment séparé d'Arlette Chabot. La journaliste à la tête d'A vous de juger était aussi directrice de l'information de France 2, mais suite à un ultimatum posé par Pflimlin, la talentueuse journaliste a préféré se consacrer à l'antenne.
Un choix fait un peu à contrecoeur puisque la quinquagénaire a vu son poste de direction finalement attribué à Thierry Thuillier. Amusant puisque cet ancien de I-Télé, avait précédemment quitté France 2... suite à un désaccord avec Chabot !
Arlette se contente donc de son émission, même si son éviction a un goût amer. D'autant plus que son départ aurait été fortement initié par un homme puissant : le président de la République.
Pflimlin ayant été désigné par Nicolas Sarkozy pour prendre la tête du groupe de télévision public, il semblait évident qu'il serait le bras armé du président. Ainsi, quand Chabot a été évincée par Pflimlin, tous les regards se sont tournés vers l'Elysée.
Beaucoup imaginaient que le départ de la journaliste était la conséquence de la brouille qu'elle avait eu avec le président à New-York en septembre 2009, lorsque celui-ci s'en était pris à elle en déplorant le manque d'émissions politiques à l'antenne. Pourtant, le journaliste Christophe Hondelatte (officiant aussi sur France 2) explique autrement le départ de Chabot.
Le très informé Emmanuel Berretta, du Point.fr, révèle que Hondelatte a expliqué sur le plateau de Telle est ma télé (émission sur les médias de TPS Star) que la raison pour laquelle Chabot est dans la ligne de mire présidentielle est autre. Selon lui, Sarkozy n'aurait pas aimé le traitement par France 2 de son divorce d'avec Cécilia Sarkozy (aujourd'hui Attias), fin 2007. Hondelatte a certifié le savoir de source sûre (du président même). A la lumière de cette information, le Point a contacté Arlette Chabot, manifestement surprise de cette révélation : "Je ne comprends pas. Nicolas Sarkozy ne m'a jamais fait savoir son mécontentement sur ce point. En outre, je n'ai pas le souvenir que nous ayons eu un traitement indigne de cet épisode de la vie du chef de l'Etat. Nous ne pouvions tout de même pas faire le silence complet sur cet évènement. Nous avions confié la couverture du divorce à Michaël Darmon, c'est-à-dire le journaliste accrédité à l'Élysée et que l'on savait être bien en cour."
Si le responsable est un allié de l'Élysée, cibler Chabot n'est-il pas qu'un prétexte pour la mettre sur la sellette ? Difficile à dire, mais Hondelatte affirme avoir conversé plusieurs fois avec le président qui s'est retrouvé "ivre de colère" et "indigné" que le service public évoque son divorce. Sarkozy se serait même dit "prêt à livrer lui aussi des éléments de la vie privée d'Arlette Chabot dans les médias"... La loi du talion version Elyséenne.
Berretta, plutôt bien introduit dans le milieu fermé des médias, précise : "Ces affirmations sont recoupées par plusieurs témoignages journalistiques dont un article de L'Express publié à cette époque."
Alors, Chabot évincée par le président pour avoir osé parler du divorce ? Évincée pour avoir évoqué un sujet incontournable dans le pays à ce moment-là concernant une personnalité publique ?
Sarkozy dicte, Pflimlin exécute : le président a ses raisons que même la raison ignore...