Dimanche dernier, nous apprenions la triste disparition du grand Claude Chabrol à l'âge de 80 ans des suites d'un cancer fulgurant, plongeant la grande famille du cinéma français dans le deuil.
Aujourd'hui se tenaient les obsèques du mythique réalisateur aux 50 ans de carrière - composée de chefs-d'oeuvres comme Le boucher, Violette Nozière, Madame Bovary ou La Cérémonie -, qui se sont déroulées dans un premier temps à la Cinémathèque Française, avant de se poursuivre au cimetière du Père-Lachaise, en toute intimité.
Durant la cérémonie pleine d'hommages à la Cinémathèque, le cinéaste Costa-Gavras fut le premier à faire un discours, définissant l'artiste disparu comme "un homme curieux de tout". Puis Serge Toubiana, le président des lieux, a également pris la parole, avant qu'Isabelle Huppert n'arrive d'un pas rapide et ne lui fasse elle aussi une déclaration bouleversante : "Travailler avec quelqu'un, c'est aussi s'aimer. Il a accompagné nos vies. Il disait qu'il ne faut pas laisser la mort grignoter le vivant. Ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants étaient son bonheur. C'était un homme bon, profondément bon", avant d'ajouter : "Si la mort de Claude Chabrol nous touche autant, c'est qu'il nous a accompagnés dans nos vies intimes, avec nos interrogations, nos révoltes, nos faiblesses, notre envie de se moquer de nous-mêmes". La fille du réalisateur, Cécile Maistre, a délivré également un discours plein d'amour, confiant qu'en famille "on l'appelait l'ayatollah comédie !"
Mais lors de cette cérémonie qui fut rythmée au son des musiques de ses films, et où l'on a pu notamment croiser Michel Piccoli, Sandrine Bonnaire, Nathalie Baye, Renaud Donnedieu de Vabres, Jean-Pierre Léaud, Pierre Douglas, Jack Lang, Christophe Malavoy, Marin Karmitz, Serge Moati, Bertrand Tavernier, Edouard Baer, Jérôme Seydoux, Thierry Frémeaux, Jean Douchet, François Cluzet, Agnès Varda, Mathilda May, Ludivine Sagnier et Stéphane Audran, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a surpris tout son monde en lisant, en lieu et place d'un discours, les premières pages des mémoires de Claude Chabrol - Mémoire Intime -, à paraître chez Plon à la mi-novembre, avec bien sûr l'accord de la famille et de l'éditeur, et a notamment dévoilé que le cinéaste a failli ne jamais naître !
Puis, en guise de registres de condoléances, la famille avait disposé une vingtaine de cahiers à petits carreaux - chacun portant le titre d'un des films du cinéaste -, et des stylos noirs à bille fine, le matériel affectionné par Chabrol pour ses scénarios et scripts.
Les yeux rougis, Sandrine Bonnaire entonnait pour les caméras présentes un pastiche du succès d'Alain Souchon Foule Sentimentale, écrit avec l'équipe lors du tournage de La Cérémonie : "Cha-Cha Sentimental..."
Adam Ikx