Après dix mois passés derrière les barreaux pour avoir abattu sa compagne, Oscar Pistorius sortira en août prochain. Un scandale pour la famille de sa victime, Reeva Steenkamp. Le Sud-Africain n'est pas libre pour autant, puisque son procès passera en appel avant la fin de l'année. Un appel qui pourrait le mener de nouveau en prison, et pour bien plus longtemps que sa peine initiale.
Sortie de prison et colère
Condamné en octobre 2014 à cinq années de prison, Oscar Pistorius sera libéré le 21 août prochain. "La commission des libérations anticipées sous contrôle judiciaire (CSPB) a siégé le 5 juin et approuvé le placement d'Oscar Pistorius en liberté surveillée le 21 août", a confirmé l'administration pénitentiaire du pays après les déclarations d'un membre de la famille de l'athlète handicapé. Le chef de l'administration pénitentiaire Zach Modise a confié à l'AFP qu'il serait dans un premier temps confiné à domicile avec une heure de liberté quotidienne, ce temps pouvant augmenter progressivement en fonction de son comportement.
Face aux critiques sur cette libération précoce, Zach Modise a rappelé que "les textes qui encadrent sa condamnation prévoient qu'il doive purger obligatoirement au moins un sixième de sa peine derrière les barreaux". Soit, sur cinq ans, dix mois. Quant au reste de sa peine, Oscar Pistorius le passera sous le régime de la liberté surveillée.
Pour la mère de Reeva Steenkamp, cette libération anticipée est un scandale. June Steenkamp maintient les propos qu'elle avait déjà tenus. Car même si la famille, "conformément aux textes, (...) a été invitée à participer aux délibérations de la commission", elle n'a pas obtenu gain de cause. "Dix mois de détention pour avoir tué quelqu'un, ce n'est tout simplement pas assez. Nous craignons que cela n'envoie pas le bon message et que ce ne soit pas aussi dissuasif que cela devrait l'être", a confié June Steenkamp dans un communiqué, tout en réaffirmant qu'elle avait pardonné au meurtrier de sa fille.
Un appel et une sanction plus lourde ?
Toutefois, Oscar Pistorius pourrait retourner en prison avant la fin de l'année, puisque son procès en appel se tiendra en novembre. "Aucune date précise n'a été fixée pour l'instant mais nous pouvons confirmer que l'appel aura lieu en novembre cette année", a confirmé à l'AFP la cour suprême d'appel d'Afrique du Sud.
Cette nouvelle procédure ne pourra avoir lieu que sur la base du droit, et non sur le fond de l'affaire. L'AFP indique qu'il s'agit d'une procédure écrite, sans témoins. Une procédure qui pourrait s'apparenter en droit français à la procédure de cassation.
Oscar Pistorius a toujours clamé qu'il avait pris peur cette nuit de Saint-Valentin 2013, persuadé qu'il était d'avoir à faire à un cambrioleur. Il avait tiré quatre balles de gros calibre à travers la porte des toilettes où il pensait que l'intrus s'était réfugié, et où se trouvait en réalité Reeva Steenkamp, sa compagne qui n'a pas survécu à ses blessures.
Le tribunal l'avait condamné pour homicide par négligence (ce qui se rapproche de coups mortels en droit français), estimant ne pas avoir assez d'éléments pour rejeter son explication. Le parquet estime pour sa part que la juge Thokozile Masipa a mal interprété la loi et que le jeune homme aurait dû être condamné pour meurtre. L'accusation estime qu'à partir du moment où Oscar Pistorius savait qu'une personne se trouvait derrière la porte, il savait qu'il pouvait la tuer.
Toute la question de ce procès en appel tournera autour de cette question de savoir si celui qui fut un temps une icône mondiale avait conscience ou non qu'il pouvait tuer quelqu'un. Si la cour suprême venait à conclure par l'affirmative, Oscar Pistorius pourrait alors être condamné pour meurtre, entraînant de fait une peine bien plus lourde, le meurtre en Afrique du Sud étant puni de quinze ans de prison minimum...