C'est officiel : Saint Laurent, film de Bertrand Bonello, a été sélectionné pour représenter la France dans la course à l'Oscar du meilleur film étranger, prix qui n'a pas été touché par un cinéaste tricolore depuis 1993 et le sublime Indochine de Régis Wargnier.
Après le Mommy du Canadien Xavier Dolan et le dernier long métrage des frères Dardenne, Deux jours une nuit (avec Marion Cotillard), un nouveau film francophone – et non des moindres – entre dans la course à l'Oscar du meilleur film étranger : Saint Laurent, de Bertrand Bonello. Le long métrage porté par Gaspard Ulliel représentera en effet la France et tentera de séduire l'Académie afin de participer au grand final qui départagera les cinq ultimes nommés lors de la 87e cérémonie des Oscars qui se tiendra le 22 février 2015.
Déjà sélectionné en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, Saint Laurent avait échoué dans la course à la Palme d'or (remporté par la fresque contemplative Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan, qui représentera la Turquie aux prochains Oscars), tout en séduisant la critique. Le film, qui sortira ce 24 septembre dans les salles françaises, n'avait pas reçu l'aval de Pierre Bergé, le bras droit du créateur de Yves Saint Laurent. Le businessman et amant du célèbre designer avait préféré soutenir le projet de Jalil Lespert, biopic plus classique et formel retraçant toute la vie d'YSL. De son côté, le contesté Bonello s'est penché sur la période 1967-1976, ou la rencontre de l'un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre, en s'intéressant autant au processus de création d'un Yves Saint Laurent artiste qu'aux zones plus sombres et complexes du personnage, ses addictions comme son amour pour Jacques de Bascher (Louis Garrel à l'écran).
Un film d'auteur qui aura donc la charge de faire oublier que l'Hexagone n'a plus la cote dans la course à la statuette. Si des films tels que La Môme ou The Artist ont réussi l'exploit de se distinguer dans d'autres catégories, la France n'a pas remporté le prix du meilleur film étranger depuis 1993. Pire encore, elle n'a pas été représentée dans cette catégorie depuis 2010 et la citation d'Un Prophète, à l'exception du prix remporté en 2013 par Amour, de Michael Haneke, une coproduction franco-autrichienne.