Les incidents sont en diminution mais la colère, elle, continue de se répandre. Douze personnes ont été interpellées en France dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 février, dont six en Seine-Saint-Denis, pour des violences urbaines dans le sillage de l'affaire Théo, a indiqué une source policière à l'AFP, évoquant une baisse "significative" des incidents. Les personnalités continuent de sensibiliser l'opinion, avec une lettre ouverte de l'ancien adjoint au maire de Brétigny-sur-Orge Steevy Gustave, signée par des dizaines d'artistes et journalistes.
L'élément déclencheur dans toute cette affaire est l'interpellation de Théo, 22 ans, victime d'un viol présumé au cours d'une intervention de la police à Aulnay-sous-Bois le 2 février. Le fait divers devient un "fait de société", comme l'explique le Défenseur des droits Jacques Toubon. Aujourd'hui, après l'indignation relayée sur les réseaux sociaux s'élève une voix, à travers deux tribunes publiées dans Libération, pour défendre Théo mais aussi Adama Traoré, mort au cours de son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.
Ancien adjoint au maire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), Steevy Gustave est désormais conseiller municipal d'opposition (DVG) dans cette ville du 91. Ne se retrouvant pas dans les "pamphlets antiflics" comme il le confie au Parisien, ce père de famille de 47 ans, ancien chorégraphe de France Gall et champion de danse hip-hop a rédigé un texte. Ses propos sont soutenus par Kery James, Patrick Bruel, Smaïn, Lucien Jean-Baptiste, Hugues Aufray, Josiane Balasko, Jean Benguigui et Mathilda May, Anne Roumanoff, Bruno Salomone et Youssoupha.
C'est ainsi que Steevy Gustave écrit : "Ces monstres ne peuvent être associés aux forces de l'ordre qui nous protègent et sauvent des vies au péril des leurs." Mais "est-ce une bavure, un fait divers de plus qui sera, lui aussi, classé sans suite ? Dans ce pays des droits de l'Homme, y a-t-il une justice pour les hommes à la peau sombre et une pour ceux qui portent l'uniforme ? Ne devrait-elle pas être d'autant plus intraitable envers ceux qui les premiers devraient être intraitables".
Une deuxième page de Libération est consacrée à la mort d'Adama Traoré avec un appel lancé et porté par le site QuartiersXXI. Les auteurs considèrent que la "mort suspecte" du jeune homme, à propos de laquelle l'enquête se poursuit, "n'engage pas seulement ses proches mais l'ensemble de notre pays, de notre société". Une démarche soutenue par Arthur H, Rachida Brakni, Christine and the Queens, Rokhaya Diallo, Gilles Lellouche, Nicolas Duvauchelle, IAM, Omar Sy, Zebda, Ramzy Bedia, Yannick Noah, Bertrand Tavernier mais aussi Eric Cantona.
Des voix qui s'élèvent à des années-lumière de Nicolas Canteloup qui avait trouvé dans l'affaire Théo une inspiration douteuse pour sa chronique humoristique. Face à l'avalanche de critiques, il avait publié des excuses le jour même.
Cette prise de position se distingue aussi de celle de Vianney, un des lauréats des Victoires de la musique. Le chanteur de 26 ans n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet, lorsqu'il a été interrogé par Yann Barthès dans Quotidien : "Je pense être bien meilleur pour écrire des chansons que pour parler de ces trucs-là."