Dans la dignité et le silence, de nombreuses personnalités ont marché. Derrière une grande banderole blanche et sans aucun slogan, plusieurs milliers de personnes dont les actrices Emmanuelle Béart et Julie Gayet aux premières loges avec Isabelle Adjani, particulièrement émue par les absents de son milieu, ont marché en silence dimanche 19 novembre 2023 à Paris pour la paix au Proche-Orient et contre la haine. A leurs côtés, se trouvaient la réalisatrice Yamina Benguigui, les actrices Valérie Bonneton, Nadia Farès, Macha Méril, Liliane Rovère, Florence Thomassin et Ariane Ascaride, la chanteuse Yael Naïm, la journaliste Laure Adler et celle qui a mené le mouvement, Lubna Azabal, vue récemment dans Le Bleu du caftan, et à l'origine de cette initiative. Charles Berling, Maxime Le Forestier, Bertrand Delanoë et Jack Lang ont également été aperçus.
En tête de cortège, Emmanuelle Béart était soutenue par son mari Frédéric Chaudier et l'on pouvait la voir la main de son époux sur son épaule. La star de 60 ans avait suscité l'admiration il y a quelques semaines en révélant publiquement avoir été victime d'inceste lors de la diffusion de son documentaire choc sur le sujet. Elle continue d'affiche son engagement de citoyenne avec cette marche ce dimanche. Non loin d'elle, se distinguait également la comédienne et productrice Julie Gayet. Si souriante lors du salon du livre de Brive, la femme de François Hollande - ce dernier avait participé à la marche contre l'antisémitisme quelques jours plus tôt - était particulièrement grave.
Les deux actrices étaient en tête du cortège de 3600 personnes selon la préfecture de police qui s'est élancé sous le soleil du parvis de l'Institut du monde arabe pour rejoindre symboliquement le Musée d'art et d'Histoire du judaïsme.
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak s'est mêlée aux manifestants, pour la plupart âgés, certains portant des brassards blancs, pour "être aux côtés de ceux qui s'engagent (...) dans ce mouvement de la société civile sans banderole, sans slogan, dans le silence, dans la dignité". "Ce n'est pas une marche de silence, c'est une marche en silence", a déclaré la ministre à l'AFP.
Cette manifestation a été déclenchée par un "texte puissant", a-t-elle rappelé, en référence à une tribune signée par près de 600 artistes, qui appelle à "porter la voix de l'unité" et à ne pas prendre position dans le conflit. "Les gens sont là pour apaiser. Ils ne pensent pas forcément la même chose. Je soutiens à fond cette manifestation d'unité", a déclaré Jack Lang, le président de l'Ima, en tête de cortège.
Isabelle Adjani avait exprimé sa déception à TF1 infos en voyant que de nombreux pairs artistes et signataires de la tribune collective étaient absents. Lubna Azabal, qui dénonce également "les injonctions à choisir son camp", a reconnu avoir eu du mal à attirer les jeunes visages de la musique et du cinéma qui "ont peur de perdre" leurs abonnés sur les réseaux sociaux et "être étiquetés y compris dans le cadre d'une initiative aussi fédératrice".
L'armée israélienne estime que quelque 240 personnes ont été prises en otage dans la bande de Gaza au cours de l'attaque sans précédent du Hamas sur le territoire israélien, le 7 octobre. Celle-ci a fait environ 1 200 morts, principalement des civils, selon les autorités israéliennes.
En représailles, Israël bombarde sans répit la bande de Gaza et mène depuis le 27 octobre une opération terrestre dans le but "d'anéantir" le mouvement islamiste au pouvoir dans le territoire palestinien. Ces frappes israéliennes sur Gaza ont fait plus de 12 300 morts dont 5 000 enfants et 3 300 femmes, selon le ministère de la Santé du Hamas. Samedi, des mobilisations pro-palestiniennes pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza ont rassemblé des milliers de manifestants à travers la France.