Oscar Pistorius a vu son calvaire prendre fin ce mardi 15 avril. Le procureur Gerrie Nel, qui depuis cinq jours mettait au supplice l'athlète handicapé accusé d'avoir tué sa compagne Reeva Steenkamp, a passé la main, entamant la crédibilité de l'accusé, sans pour autant lui faire avouer la moindre chose...
Aujourd'hui encore, Gerrie Nel a accusé Oscar Pistorius d'avoir abattu volontairement Reeva Steenkamp. "Vous vous êtes armé dans l'intention de la tuer et c'est ce que vous avez fait", a-t-il lâché, avant de conclure : "Je n'ai rien d'autre à demander à ce témoin."
Auparavant, il avait une fois de plus pointé les incohérences du témoignage d'Oscar Pistorius, traquant les moindres détails, ses changements de versions et ses omissions, sans lui laisser le moindre répit, malgré les crises de larmes du champion. "Je vous le dis, M. Pistorius, votre version est non seulement fausse, mais aussi tellement improbable que cela ne peut raisonnablement pas être vrai", avait-il lancé à l'accusé. Selon Gerrie Nel, Oscar Pistorius a tout inventé pour dissimuler un meurtre. Il l'avait traité de menteur lors des jours précédents, ainsi que d'égoïste, pointant du doigt la personnalité narcissique de l'athlète handicapé, son tempérament querelleur, soucieux à l'excès de sa réputation et de sa célébrité, et son obstination à ne jamais vouloir endosser la moindre faute.
"Hier, M. Pistorius, je vous ai demandé qui nous devrions blâmer pour ce qui s'est passé et vous avez indiqué que nous devrions vous blâmer vous", a demandé Gerrie Nel à Oscar Pistorius, qui lui a répondu : "Exact, madame le juge." Une brèche dans laquelle s'est rapidement engouffré le procureur : "Devrions-nous vous blâmer pour le fait que vous lui avez tiré dessus ?" Une fois de plus, Oscar Pistorius s'est dérobé devant la question, répliquant une "madame le juge, je croyais que ma vie était menacée". De quoi énerver Gerrie Nel : "Nous ne devrions pas vous blâmer. Mais alors qui ? Quoi ou qui ? Reeva pour ne pas vous avoir dit qu'elle allait aux toilettes ? Le gouvernement ?"
Mais Oscar Pistorius est resté droit dans sa défense, refusant d'admettre qu'il avait tiré pour tuer, même le cambrioleur qu'il pensait être caché dans les toilettes. Une version toutefois mise à mal par le procureur qui a patiemment analysé le déroulé de cette macabre Saint-Valentin, soulignant le changement de défense d'Oscar Pistorius... "Ce n'est plus de la légitime défense mais l'action involontaire ?", lui a-t-il fait remarquer.
Une fois son interrogatoire musclé terminé, Gerrie Nel a laissé place à Barry Roux, l'avocat d'Oscar Pistorius qui a fait lire à son client la carte de Saint-Valentin que Reeva Steenkamp lui avait offert quelques heures avant sa mort, accompagnée d'un cadre avec plusieurs photos du couple.
Au bords des larmes, Oscar Pistorius a alors raconté à la cour : "Elle a écrit la date sur la gauche, et elle a dit 'Je pense qu'aujourd'hui est le bon jour pour te dire cela : je t'aime' "
Quelques jours avant, le procureur Gerrie Nel avait disséqué des dizaines de messages échangés par le jeune couple durant les mois précédents la mort de la jeune femme, et avait noté une chose : Oscar Pistorius n'avait jamais utilisé les mots "je t'aime".
Le procès, d'une longueur exceptionnelle et qui pourrait à nouveau être suspendu durant deux semaines, semble mettre à mal un Oscar Pistorius déstabilisé. "Pour ce qui est de la crédibilité (de l'accusé, ndlr) et de la probabilité [du meurtre prémédité], je pense que M. Nel doit se sentir plutôt à l'aise, a commenté pour l'AFP l'avocat pénal David Dadic. Pour l'essentiel il a fait un boulot parfait (...) et a réussi à faire apparaitre les versions conflictuelles d'Oscar au point qu'à un moment, Oscar a paru avoir deux lignes de défense différentes, ce qui n'est pas permis par la loi."