Le mandat de cinq ans de Patrick de Carolis prendra fin en août prochain. Il revient à Nicolas Sarkozy - et non plus au CSA - de nommer son prédécesseur. Cette nomination devrait intervenir, si ce n'est demain, dans les prochains jours. Parmi les noms qui circulent, figure celui d'Alexandre Bompard, actuel directeur d'Europe 1, en très bonne place... mais rien n'est joué.
Itinéraire
Alexandre Bompard, 37 ans, est le fils d'Alain Bompard, un chef d'entreprise et ancien président du club de football de Saint-Étienne. Il grandit à Megève, puis intègre à l'âge de 14 ans, le lycée Berthollet d'Annecy.
Il poursuit ses études en sciences politiques à Paris. Il y rencontre sa future épouse, aujourd'hui magistrate, avec laquelle il aura trois filles : Juliette, 11 ans, Romane, 7 ans et Alma, 3 ans. Il sort ensuite diplômé de l'ENA, quatrième de sa promotion Cyrano de Bergerac. Il intègre ensuite l'Inspection générale des finances et devient inspecteur en 2002. L'année suivante, il rejoint François Fillon au ministère des Affaires sociales et du travail. Son parcours est brillant. Dans sa famille, pourtant, aucun n'a le baccalauréat.
En 2004, il rentre à Canal+ comme directeur de cabinet du président Bertrand Meheut. Il reprend ensuite le service des sports (en remplacement de Michel Denisot). Il obtient d'excellents résultats au sein de la chaîne cryptée, en obtenant par exemple les droits de la Ligue 1 de football.
Europe 1
En juin 2008, à l'âge de 35 ans, il remplace Jean-Pierre Elkabbach à la tête d'Europe 1. Très tôt, il fait ses preuves. À l'époque, son homologue chez France Inter s'appelle Jean-Paul Cluzel (il a depuis été licencié). Cluzel le connaît bien et reconnaît les qualités du pourtant novice Bompard : "Avant, les gens écoutaient toujours la même radio, achetaient toujours le même journal, et regardaient toujours le même journal télévisé le soir. Ce n'est plus vrai aujourd'hui. Et Alexandre a très bien compris cela. Il a donc appliqué des méthodes de radios commerciales en recrutant des noms connus susceptibles d'attirer l'auditeur, et pour contrer son principal concurrent sur ce secteur, à savoir RTL."
Bompard fait venir des personnalités du petit écran sur Europe 1 comme Michel Drucker et sa nièce Marie, Alexandre Ruiz et bien sûr Marc-Olivier Fogiel. Le week-end, il renforce l'actualité sportive et la musique. Nagui présente désormais un jeu. Cette nouvelle politique paye puisque les audiences cessent de chuter.
En avril, Médiamétrie publiait les derniers résultats d'audiences. Europe 1 a atteint 10,1% d'audience cumulée, en hausse de 0,7 point sur un an, et reste la troisième radio la plus écoutée. Bompard a donc plus que réussi sa mission, puisque depuis son arrivée il y a eu 5 hausses consécutives d'audience.
France Télévisions ?
Lundi, Libération annonçait le départ de Bompard d'Europe 1 pour France Télévisions. Le quotidien expliquait qu'il venait de "négocier ses indemnités de départ du groupe Lagardère" et que Marc-Olivier Fogiel tenait la corde pour le remplacer. L'information a été immédiatement démentie par Didier Quillot, président du directoire de Lagardère Active qui indiquait que Bompard préparait "la grille de rentrée d'Europe 1." L'intéressé quant à lui, expliquait ne pas avoir négocié ses indemnités de départ, ajoutant qu'il démissionnerait si Nicolas Sarkozy le nommait. C'est une évidence quand même, s'il était nommé à la tête de France Télévisions, il démissionnerait tout simplement d'Europe 1. Ceux qui reprochent à Alexndre Bompard d'être, pour le moins, un proche de Fillon, sont les mêmes qui reprochaient à de Carolis d'être un "chouchou" de Bernadette Chirac, il y a cinq ans... N'oublions pas que les grilles de rentrée de France Télévisions sont déjà prêtes et actées par "l'ancien" président Patrick de Carolis et son équipe.
Car c'est bien Nicolas Sarkozy qui nomme les patrons de l'audiovisuel public, depuis la loi de réforme de l'audiovisuel de mars 2009. Une loi qui a récemment fait l'objet d'un appel du magazine Télérama, questionnant l'indépendance de Radio France ou France Télévisions si Nicolas Sarkozy y nomme ses proches. Le problème se pose évidemment pour les licenciements de Didier Porte et Stéphane Guillon par Jean-Luc Hees, nommé par le président à la tête de Radio France en mai 2009. Hees a-t-il voulu faire plaisir à Sarkozy ? Guillon en est sûr.
Si Alexandre Bompard obtient le poste, il devra, lui aussi, faire face à cet embarrassant soupçon ! Et l'on connaît les rapports difficiles de Sarkozy avec Patrick de Carolis, candidat à sa propre succession... Mais il ne faut pas s'arrêter là et commencer à faire un mauvais procès à sa possible nomination. Alexandre Bompard a le potentiel et l'entregent pour tenir le poste, ne pas oublier que son intelligence est redoutable. Son surnom "Pentium I" !
Alexandre Bompard, c'est aussi un passionné du cinéma de Claude Sautet, de sport (de football et de tennis), de la Renaissance italienne. Il porte également une admiration sans borne pour la Résistance. Ses héros se nomment André Malraux ou encore Charles de Gaulle. En juillet 2009, il déclarait au JDD : "La Résistance, c'est le refus moral de l'indignité. Mais c'est aussi l'enchaînement des rencontres, des intuitions, des amours. On passe de la petite à la grande Histoire."